Dieu et Darwin sont-ils compatibles ?

Dieu et Darwin sont-ils compatibles ?

Est-il possible de croire en Dieu et à l’évolution darwinienne en même temps ? Les citations suivantes vous aideront à explorer cette question en examinant les affirmations des principaux partisans de l’évolution.

Termes clés : Afin de tirer le meilleur parti des questions soulevées, les lecteurs doivent tout d’abord avoir une bonne compréhension des définitions de l’évolution darwinienne et des termes associés. Ci-dessous sont données quelques définitions élémentaires. Elles proviennent du site http://www.faithandevolution.org/terms.php.

Evolution : parmi les sens de ce mot, trois sont importants : (1) changement au cours du temps – le fait que la plupart des organismes vivant aujourd’hui diffèrent des organismes qui ont existé dans le passé ; (2) la descente universelle d’un ancêtre commun – l’hypothèse que tous les organismes sont des descendants modifiés d’un unique ancêtre commun issu d’un passé distant ; (3) le mécanisme des changements biologiques – l’hypothèse selon laquelle un processus non dirigé de sélection naturelle agissant sur les mutations aléatoires a été la cause principale des modifications.
La théorie moderne de l’évolution acceptée par la plupart des scientifiques et quelquefois connue sous le nom de « néo-darwinisme » renferme les deux derniers sens.

Sélection naturelle : le processus non dirigé par lequel les organismes mieux adaptés à leur environnement survivent et se reproduisent à un taux plus élevé que ceux qui sont moins adaptés, ce qui entraîne que les caractéristiques des survivants dominent davantage dans les générations futures.

Ancêtre commun universel : l’hypothèse selon laquelle toutes les espèces sont des descendants biologiques d’un ancêtre commun unique, et que toute vie peut être décrite par un arbre issu d’une seule racine.

Evolution darwinienne ou darwinisme : la théorie selon laquelle tous les êtres vivants descendent d’un ancêtre commun et sont modifiés par un processus non guidé de sélection naturelle agissant sur les variations aléatoires.

Citations sur Dieu et l’évolution

L’évolution est-elle dirigée ou non dirigée ?

Pour la science orthodoxe moderne, l’idée même de Dieu est inutile.

« Si vous redéroulez le film de la vie, je pense que vous auriez de grands dinosaures aux formes adaptées à l’environnement marin qui nageraient dans l’océan. Je pense que vous auriez quelque chose qui utiliserait la photosynthèse comme les plantes, mais qui ne serait pas les plantes d’aujourd’hui. Et finalement, je pense que vous auriez aussi un grand organisme conscient de lui-même, capable de réflexion, intelligent, possédant un système nerveux hautement développé. Il est possible que ce soit un dinosaure ayant un gros cerveau, ou un mollusque avec des capacités mentales exceptionnelles… Là où je veux en venir est que je pense que, finalement, dans les conditions que nous avons dans cet univers, vous auriez un organisme capable de réflexion, conscient de lui-même et intelligent, ce qui veut dire que vous auriez quelque chose qui nous ressemble. Il est fort possible qu’il ne vienne pas des primates, et qu’il vienne d’autre part. »

Kenneth Miller, évolutionniste théiste et biologiste de l’Université Brown aux Etats-Unis, commentaires donnés à la conférence « Shifting Ground », Bedford, NH, Etats-Unis, 24 mars 2007.

Que sait Dieu ?

« Si nous prenons au sérieux les résultats de la science moderne, il est difficile de croire que Dieu soit omnipotent et omniscient au sens des philosophes scolastiques… Supposons que Dieu possédait la théorie du tout, connaissait toutes les lois de la physique, toutes les forces fondamentales. Même dans ces conditions, Dieu n’aurait pas pu connaître avec certitude si la vie humaine apparaîtrait. Si nous acceptons le point de vue scientifique selon lequel, en plus des processus nécessaires et des immenses opportunités offertes par l’univers, il se trouve également des processus aléatoires, alors il apparaît que même Dieu ne pouvait pas savoir avec certitude ce qui en sortirait. »

George Coyne, prêtre catholique évolutionniste théiste dans « The Dance of the Fertile Universe », p. 7.

Quel est l’impact de la théorie de Darwin sur la foi ?

“Grâce à Darwin, il a été possible d’être un athée intellectuellement accompli.”

Richard Dawkins, biologiste évolutionniste dans The Blind Watchmaker: Why the Evidence of Evolution Reveals a Universe Without Design (New York : W.W. Norton and Co., 1996), p. 6.

“En associant les variations non dirigées et sans but au processus aveugle et froid de la sélection naturelle, Darwin a rendu superflues les explications théologiques ou spirituelles des processus de la vie. »

Douglas Futuyma, Evolutionary Biology, troisième édition (1998), p. 5.

« J’en vins progressivement à rejeter la croyance au christianisme en tant que révélation divine… L’incrédulité pénétra très lentement dans mon cœur, mais a été en définitive complète… L’ancien argument qui reposait sur l’existence d’un dessein dans la Nature… et qui auparavant me semblait si concluant n’avait plus aucune force maintenant que la loi de la sélection naturelle avait été découverte… Auparavant, j’écrivais que pendant que je me tenais au milieu de la grandeur de la forêt brésilienne, ‘il n’est pas possible de donner une idée adéquate des sentiments les plus élevés d’émerveillement, d’admiration et de dévotion qui remplissent et élèvent l’esprit.’ Je me souviens bien de ma conviction qu’en l’homme il y a plus que le souffle de son corps ; mais maintenant les spectacles les plus grands ne produisent plus de telles convictions en moi. »

Charles Darwin (1809-1882) dans son Autobiographie.

Comment la tension entre la foi et Darwin peut-elle être résolue ?

« Lorsque nous comprenons le caractère désordonné et erratique des processus par lesquels la vie se développe, toute conception doit être jugée comme étant largement inintelligente, tout Créateur comme, au mieux, bizarre et capricieux. Une religion reposant sur la Providence ne peut être soutenue qu’en supposant que le dessein divin est un mystère incompréhensible… [Néanmoins], la critique [darwinienne] du providentialisme et du surnaturalisme laissent ouverte la possibilité de ce que j’appelle une « religion spirituelle ». Chacun des principaux monothéismes occidentaux peut générer une version de la religion spirituelle en abandonnant la vérité littérale des récits contestés par les Lumières. Comment cela peut-il se faire ? Je vais illustrer cette possibilité en prenant l’exemple du christianisme. Les chrétiens spirituels abandonnent pratiquement tous les récits originaux de la vie de Jésus. Ils abandonnent sa naissance extraordinaire, ses miracles, sa résurrection littérale. Ce qui survit, ce sont les enseignements, les préceptes et les paraboles, et la montée finale de Jésus vers Jérusalem ainsi que le moment culminant de sa crucifixion. Ce moment de souffrance et de sacrifice est vu, non pas comme le prélude d’un quelconque retour triomphal et d’une promesse de salut éternel – tout ceci, je le répète, est littéralement faux – mais comme la présentation symbolique de l’importance de la compassion et de l’amour sans limite. »

Philip Kitcher, philosophe des sciences de l’Université de Columbia aux Etats-Unis, dans Living with Darwin, pp. 149, 152.

Conclusion

Les termes d’ « acide universel » employés par le philosophe de l’esprit athée Daniel Dennett en référence à l’évolution darwinienne sont d’une pénétrante limpidité pour décrire l’effet de la philosophie darwinienne sur la morale, la religion et la société tout entière.

C’est à Charles Darwin que nous devons le revigorement de l’idée ancienne et païenne de l’évolution transformiste des espèces si chère aux philosophes grecs matérialistes comme explication de la complexité fonctionnelle organisée, et la transformation de la science en un ersatz purement naturaliste. Or cette idée d’évolution universelle non dirigée au sens téléologique, mais fondée sur la sélection naturelle agissant comme un mécanisme de survie du plus apte, a fini par évacuer chez Darwin tout sentiment religieux, toute reconnaissance de l’existence même d’un Dieu transcendant, malgré les conflits intérieurs au sujet du dessein (design) que l’on sent dans sa pensée et dans sa relation avec son épouse, chrétienne unitarienne. Même si, dans un premier temps, il se distinguait de l’explication de Démocrite selon laquelle le monde avait été produit par le concours fortuit des atomes, l’organisation intelligente des formes était due pour lui uniquement à la sélection naturelle menant la plupart des organismes à des niveaux plus élevés de complexité et de perfection. Sa téléologie ne consistait donc qu’en une action purement interne, qui rompait, de toute évidence, avec l’idée d’une création externe par un Créateur intelligent. Cette espèce de déisme, fluctuant au gré de bien des crises intellectuelles et spirituelles personnelles et de tensions avec son épouse, devint équivalente à un athéisme pratique : puisque Dieu était devenu inutile dans sa vision téléologique sélectionniste, Il allait le devenir également dans sa propre vie. Et de là, Darwin allait sombrer dans une misère morale sans fin. L’évolution des sentiments religieux de Darwin à mesure que sa conception transformiste s’affirmait illustre bien, hélas ! l’effet corrosif de cet acide universel dont l’impact peut se faire sentir en l’espace d’une seule vie. Bien compris, le darwinisme ne laisse aucune place pour un Dieu créateur, car le rôle de l’évolution telle qu’elle est pensée par la science conventionnelle est précisément celui d’un substitut matérialiste à une divinité créatrice. Patrick Tort, historien érudit, directeur de l’Institut Charles Darwin International et théoricien de la connaissance spécialiste de Darwin, montre bien la conversion de ce dernier au matérialisme et ce qu’il appelle son « athéité » : à partir de 1871, toute sa pensée serait désormais construite sur des bases entièrement naturelles ; la morale ainsi que la religion seraient établies uniquement sur des fondements immanents, congédiant le recours à la Providence1. Depuis lors, d’innombrables personnes, à la suite de Darwin, ont fait la même expérience d’un cheminement rapide vers le gouffre de l’incrédulité.

Les évolutionnistes théistes se placent donc sur un terrain extrêmement fragile et dangereux car, d’une part, en acceptant Dieu et en l’injectant tant bien que mal dans leur vision évolutionniste, ils prennent le contre-pied d’une science qui n’a nullement besoin de Dieu et se déclare athée dans ses principes mêmes (naturalisme ontologique doublé du physicalisme de la biologie évolutive), et d’autre part, en acceptant le récit darwinien, et en distordant les enseignements scripturaires pour les adapter à ce qu’ils pensent être vrai selon le point de vue évolutionniste, ils font de la mauvaise théologie en muselant l’Ecriture sous l’autorité de la « science ».

En réalité, ils ne comprennent ni l’Ecriture, ni la science. Tout d’abord, ils ne comprennent pas l’Ecriture, car ils la livrent à la lumière nouvelle de la révélation darwinienne. Il aura fallu près de dix-neuf siècles pour qu’enfin la lumière se lève et chasse les ténèbres des erreurs liées à l’interprétation chrétienne historique non évolutive de la Genèse ! Il aura fallu attendre le grand apôtre Charles Darwin pour que l’on comprenne qu’Adam et Eve n’ont jamais existé, que l’Ecriture est criblée d’erreurs factuelles, que le christianisme est une religion « spirituelle » qui s’élève au-dessus des basses réalités littérales concernant la Genèse qui ont été acceptées de manière quasi unanime dans l’Eglise, toutes confessions confondues. Ensuite, ils ne comprennent pas la science, en confondant scientisme et spéculations avec la science, et en ne distinguant guère le caractère proprement religieux du militantisme darwinien qui s’assimile, en réalité, à l’athéisme.

Le fait qu’une théorie « scientifique » mène inéluctablement et logiquement à l’incrédulité et à l’athéisme de manière si massive, et ce depuis Darwin, devrait être un signal indicateur clair pour les scientifiques chrétiens qu’il ne s’agit pas de science, mais de pur scientisme, d’idéologie adossée à la science. En effet, les scientifiques chrétiens d’autrefois définissaient la science comme l’étude de la création de Dieu. Dieu était le point de départ et affirmé d’emblée, en parfaite concordance avec ce que révèlent les Écritures sur la nature comme révélation générale dévoilant les attributs de Dieu :

En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables.

Romains 1:20.

Une « science » qui, au lieu de susciter une telle reconnaissance de l’existence de Dieu et un tel sentiment d’adoration envers Lui, se prétend « neutre » en ce qui concerne l’indication d’un dessein intelligent dans la nature n’est certainement plus l’étude de la création de Dieu, mais un athéisme militant se parant des habits de la science dont elle reprend grossièrement la démarche. Lorsque la raison devient ainsi autonome, elle s’érige en idole. Pour citer de nouveau Patrick Tort, « nous pouvons donc légitimement défendre l’idée d’une autonomie des sciences humaines, et Darwin nous le permet sans le moindre artifice magique ou théologique2« . Comment est-il possible que des scientifiques chrétiens ne soient pas en mesure de discerner d’emblée cette contradiction fondamentale entre la prétendue science et ce que révèle l’Écriture sur la révélation générale ?

Source : Adapté d’après l’article « God and Darwin: Are They Compatible? » de l’Institut Discovery (9 octobre 2009). La conclusion a été ajoutée par B&SD.

Notes

  1. TORT, Patrick. Darwin et la religion : La conversion matérialiste. Paris : Ellipses, 1er mars 2011. 560 pages.
  2. TORT, Patrick. Débat entre Patrick Tort, directeur de l’Institut Charles Darwin International et la salle. Non daté [consulté le 29 juillet 2023]. Disponible à l’adresse : https://www.snes.edu/IMG/pdf_4-Debat_Ptrick_Tort_VM.pdf.