Problème n° 1 pour l’évolution : il n’existe aucun mécanisme viable pour générer une soupe primordiale.

Par Casey Luskin

23 juillet 2020

Bienvenue dans le Top 10 des problèmes scientifiques liés à l’évolution biologique et chimique.

Note de l’éditeur : Il s’agit de la première partie d’une série de dix articles basés sur le chapitre de Casey Luskin, “Les dix principaux problèmes scientifiques liés à l’évolution biologique et chimique“, du livre More than Myth, édité par Paul Brown et Robert Stackpole (Chartwell Press, 2014.) Les autres chapitres individuels peuvent être consultés ici : Problème 1, Problème 2, Problème 3, Problème 4, Problème 5, Problème 6, Problème 7, Problème 8, Problème 9, Problème 10, Problème supplémentaire.


Problème n° 1 : il n’existe aucun mécanisme viable pour générer une soupe primordiale.

Selon la pensée conventionnelle des théoriciens de l’origine de la vie, la vie est apparue au moyen de réactions chimiques non guidées qui se sont produites sur la Terre primitive il y a environ 3 à 4 milliards d’années. La plupart des théoriciens pensent que l’origine de la vie a comporté de nombreuses étapes, mais la toute première étape aurait consisté à produire une soupe primordiale – une mer aqueuse contenant des molécules organiques simples – à partir de laquelle la vie serait née. Si l’existence de cette “soupe” est acceptée comme un fait incontestable depuis des décennies, cette première étape dans la plupart des théories sur l’origine de la vie se heurte à de nombreuses difficultés scientifiques.

En 1953, un étudiant diplômé de l’université de Chicago, Stanley Miller, accompagné de son conseiller académique Harold Urey, mena des expériences dans l’espoir de produire les éléments constitutifs de la vie dans les conditions naturelles qui caractérisent les débuts de la Terre4. Ces “expériences de Miller-Urey” visaient à simuler l’impact de la foudre sur les gaz de l’atmosphère terrestre primitive. Après avoir mené les expériences et laissé les produits chimiques reposer pendant un certain temps, Miller découvrit que des acides aminés – les éléments constitutifs des protéines – avaient été produits.

Pendant des décennies, ces expériences ont été proclamées comme étant une démonstration de ce que les “éléments constitutifs” de la vie auraient pu naître dans des conditions naturelles et réalistes semblables à celles de la Terre5, corroborant ainsi l’hypothèse de la soupe primordiale. Cependant, l’on sait également depuis des décennies que l’atmosphère terrestre primitive était fondamentalement différente des gaz utilisés par Miller et Urey.

L’atmosphère utilisée dans les expériences Miller-Urey était principalement composée de gaz réducteurs comme le méthane et l’ammoniac et d’hydrogène à fortes teneurs. Les géochimistes pensent aujourd’hui que l’atmosphère de la Terre primitive ne contenait pas des quantités notables de ces composants. (Les gaz réducteurs sont ceux qui ont tendance à donner des électrons lors des réactions chimiques.) Le théoricien de l’origine de la vie de l’Université de Santa Cruz, David Deamer, explique cela dans la revue Microbiology & Molecular Biology Reviews :

“Ce tableau optimiste a commencé à changer à la fin des années 1970, lorsqu’il est devenu de plus en plus évident que l’atmosphère primitive était probablement d’origine et de composition volcaniques, composée en grande partie de dioxyde de carbone et d’azote plutôt que du mélange de gaz réducteurs supposé par le modèle Miller-Urey. Le dioxyde de carbone ne permet pas le riche éventail de voies de synthèse menant à d’éventuels monomères…6

De même, un article paru dans la revue Science affirmait que

“Miller et Urey s’étaient appuyés sur une atmosphère “réductrice”, une condition dans laquelle les molécules regorgent d’atomes d’hydrogène. Comme Miller le montra plus tard, il n’avait pas pu fabriquer de produits organiques dans une atmosphère ‘oxydante’7.”

L’article le dit sans ambages :

L’atmosphère primitive ne ressemblait en rien à la situation décrite par Miller-Urey8.”

En conséquence, les études géologiques n’ont pas permis de découvrir la preuve de l’existence d’une soupe primordiale9.

Il y a de bonnes raisons de comprendre pourquoi l’atmosphère primitive de la Terre ne contenait pas de fortes concentrations de méthane, d’ammoniac ni d’autres gaz réducteurs. L’on pense que l’atmosphère primitive de la Terre a été produite par le dégazage des volcans, et la composition de ces gaz volcaniques est liée aux propriétés chimiques du manteau intérieur de la Terre. Des études géochimiques ont montré que les propriétés chimiques du manteau terrestre auraient été les mêmes dans le passé qu’aujourd’hui10. Mais aujourd’hui, les gaz volcaniques ne contiennent ni méthane ni ammoniac, et ne sont pas réducteurs.

Un article paru dans Earth and Planetary Science Letters a révélé que les propriétés chimiques de l’intérieur de la Terre ont été essentiellement constantes tout au long de l’histoire de la Terre, ce qui a conduit à la conclusion que “la vie a pu trouver son origine dans d’autres environnements ou par d’autres mécanismes11.” Les preuves contre la synthèse prébiotique des éléments constitutifs de la vie sont si drastiques qu’en 1990, le Bureau des études spatiales du Conseil National de Recherche aux Etats-Unis a recommandé que les chercheurs qui étudient l’origine de la vie entreprennent un “réexamen de la synthèse des monomères biologiques dans des environnements terrestres primitifs, comme le révèlent les modèles actuels de la Terre primitive12.”

En raison de ces difficultés, certains théoriciens de premier plan ont abandonné l’expérience de Miller-Urey et la théorie de la “soupe primordiale” qu’elle est censée corroborer. En 2010, le biochimiste Nick Lane de l’University College de Londres a déclaré que la théorie de la soupe primordiale “ne tient pas la route” et qu’elle a “dépassé sa date d’expiration13.” Il propose plutôt l’hypothèque selon laquelle la vie serait apparue dans des cheminées hydrothermales sous-marines. Mais les deux hypothèses, celle des cheminées hydrothermales et celle de la soupe primordiale, se heurtent à un autre problème majeur.

L’évolution chimique est morte dans l’eau.

Supposons un instant qu’il y avait un moyen de produire des molécules organiques simples sur la Terre primitive. Peut-être ont-elles formé une “soupe primordiale”, ou peut-être ces molécules ont-elles surgi près d’une cheminée hydrothermale. Dans les deux cas, les théoriciens de l’origine de la vie doivent alors expliquer comment les acides aminés ou d’autres molécules organiques clés se sont liés pour former de longues chaînes (polymères) comme les protéines (ou l’ARN.)

Chimiquement parlant, cependant, le dernier endroit où vous voudriez relier les acides aminés en chaînes serait un vaste environnement aqueux comme la “soupe primordiale” ou sous l’eau près d’une cheminée hydrothermale. Comme le reconnaît l’Académie nationale des sciences, “deux acides aminés ne se joignent pas spontanément dans l’eau. La thermodynamique favorise plutôt la reaction oppposée14.” En d’autres termes, l’eau décompose les chaînes de protéines en acides aminés (ou autres constituants), ce qui rend très difficile la production de protéines (ou autres polymères) dans la soupe primordiale.

Les matérialistes manquent de bonnes explications pour ces premières étapes simples qui sont nécessaires à l’origine de la vie. L’évolution chimique est littéralement morte dans l’eau.

Références :

4 Voir Stanley L. Miller, “A Production of Amino Acids under Possible Primitive Earth Conditions”, Science, 117:528-529 (15 mai 1953.)
5 Voir Jonathan Wells, Icons of Evolution: Why Much of What We Teach About Evolution Is Wrong (Washington D.C. : Regnery, 2000) ; Casey Luskin, “Not Making the Grade: An Evaluation of 19 Recent Biology Textbooks and Their Use of Selected Icons of Evolution”, Discovery Institute (26 septembre 2011), à l’adresse http://evolutionnews.org/DiscoveryInstitute_2011TextbookReview.pdf.
6 David W. Deamer, “The First Living Systems: a Bioenergetic Perspective”, Microbiology & Molecular Biology Reviews, 61:239 (1997.)
7 Jon Cohen, “Novel Center Seeks to Add Spark to Origins of Life”, Science, 270:1925-1926 (22 décembre 1995.)
8 Ibid.
9 Antonio C. Lasaga, H. D. Holland, et Michael J. Dwyer, “Primordial Oil Slick”, Science 174:53-55 (1eroctobre 1971.)
10 Kevin Zahnle, Laura Schaefer et Bruce Fegley, “Earth’s Early Atmospheres”, Cold Spring Harbor Perspectives in Biology, 2(10):a004895 (octobre 2010) (“Les preuves géochimiques dans les plus anciennes roches ignées de la Terre indiquent que l’état redox du manteau terrestre n’a pas changé depuis 3,8 Ga”) ; Dante Canil, “Vanadian in peridotites, mantele redox and tectonic environments: Archean to present”, Earth and Planetary Science Letters, 195:75-90 (2002.)
11 Dante Canil, “Vanadian in peridotites, mantele redox and tectonic environments: Archean to present”, Earth and Planetary Science Letters, 195:75-90 (2002) (citations internes supprimées.)
12 National Research Council Space Studies Board, The Search for Life’s Origins (National Academy Press, 1990.)
13 Deborah Kelley, “Is It Time To Throw Out ‘Primordial Soup’ Theory ?”, NPR (7 février 2010.)
14 Comité sur les limites de la vie organique dans les systèmes planétaires, Comité sur les origines et l’évolution de la vie, Conseil national de la recherche, The Limits of Organic Life in Planetary Systems, p. 60 (Washington D.C. : National Academy Press, 2007.)

Source : https://www.discovery.org/a/24041/#problem1

L’article original en anglais a été publié sur Evolution News à l’adresse https://www.discovery.org/a/24041/#fn142 le 20 février 2015 et a été traduit en français et republié sur Bible & Science Diffusion avec autorisation.


A propos de Casey Luskin

Casey Luskin

Casey Luskin est scientifique et avocat, et titulaire de diplômes d’études supérieures en sciences et en droit. Il a obtenu une licence et une maîtrise en sciences de la terre à l’université de Californie à San Diego, où il a beaucoup étudié la géologie et l’évolution, tant au niveau du premier que du deuxième cycles. Sa thèse de maîtrise portait sur le paléomagnétisme de la plaine de la rivière Snake dans le Sud de l’Idaho.

Depuis 2005, il est avocat agréé en Californie, après avoir obtenu un diplôme de droit à la faculté de droit de l’université de San Diego, où ses études ont porté sur le droit du Premier amendement de la Constitution, le droit de l’éducation et le droit de l’environnement. Il a également mené des recherches géologiques à la Scripps Institution for Oceanography.

En 2001, il a cofondé le centre IDEA (Intelligent Design and Evolution Awareness), une organisation à but non lucratif qui aide les étudiants dans leurs recherches sur le dessein intelligent (ID) en créant des “clubs IDEA” sur les campus des universités et des lycées du monde entier.

De 2005 à 2015, il a travaillé pour le Centre pour la science et la culture du Discovery Institute, d’abord comme responsable de programme en politique publique et affaires juridiques (2005-2010), puis comme coordinateur de recherche (2011-2015.) Dans ces fonctions, il a aidé et défendu des scientifiques, des éducateurs et des étudiants qui cherchaient à étudier, effectuer des recherches et enseigner librement sur le débat scientifique concernant l’évolution et l’identité néodarwiniennes. Comme expliqué sur son site personnel, au 31 décembre 2015, il ne travaille plus comme membre du personnel du Discovery Institute car il a pour objectif de poursuivre ses études.

Certaines de ses publications sont parues dans des revues techniques de droit et de sciences et dans d’autres revues spécialisées, notamment le Journal of Church and State ; la Montana Law Review ; la Hamline Law Review ; la Liberty University Law Review ; la University of St. Thomas Journal of Law & Public Policy ; et Geochemistry, Geophysics, and Geosystems (G3.) Il a également coécrit ou contribué à de nombreux ouvrages.

Il s’intéresse tout particulièrement à la géologie, à l’enseignement des sciences, aux origines biologiques et à la protection de l’environnement.

Formation :

  • Doctorat en droit, Université de San Diego.
  • Maîtrise en sciences de la terre, Université de Californie, San Diego.
  • Licence en sciences de la terre, université de Californie, San Diego.

Affiliations professionnelles passées et/ou présentes :

  • Barreau de Californie.
  • Association américaine pour l’avancement de la science.
  • Association du barreau américain.
  • Union géophysique américaine.
  • Société scientifique chrétienne.
  • Société juridique chrétienne.
  • American Scientific Affiliation.