Création et cosmologie du Big Bang – par William Lane Craig

Par William Lane Craig

Résumé

De récentes discussions ont soulevé la question des implications métaphysiques de la cosmologie standard du Big Bang. L’argument de Grünbaum selon lequel le principe de causalité ne peut être appliqué à l’origine de l’univers repose sur un pseudo-dilemme, puisque la cause ne pourrait agir ni avant ni après t=0, mais à t=0. Le plaidoyer de Lévy-Leblond en faveur d’une modification de la métrique du temps cosmique en vue de repousser la singularité à – implique diverses difficultés conceptuelles et est de toute façon vain, puisque le commencement de l’univers n’est pas éliminé. L’aversion de Maddox pour les implications métaphysiques possibles du modèle standard témoigne d’un scientisme étroit. La cosmogénèse standard du Big Bang semble donc avoir ces implications métaphysiques que certains ont trouvées si dérangeantes.


Il y a quelques années, le vulgarisateur scientifique Robert Jastrow a ébouriffé les plumes de la science en affirmant dans son petit livre God and the Astronomers [(1978), pp. 113-116] que de nombreux cosmologistes ont une aversion profonde pour les implications métaphysiques et, en fait, théologiques possibles de la cosmogénèse classique du Big Bang. Une correspondance récente avec le magazine scientifique britannique Nature semble confirmer ce jugement [Maddox (1989), Lévy-Leblond (1989), Grünbaum (1990).] J. Maddox anticipe avec empressement la chute du modèle du Big Bang parce que les créationnistes y trouvent une « ample justification » de leur credo théiste ; Jean-Marc Lévy-Leblond cherche au contraire à subvertir les implications métaphysiques de la théorie du Big Bang par une modification de la métrique du temps cosmique afin de repousser l’origine de l’univers à l’infini, auquel « il semble appartenir » ; A. Grünbaum ne voit aucune exigence encadrant un tel artifice, puisque la conception d’une cause de la singularité cosmologique initiale est contradictoire et la question de savoir ce qui a causé l’origine de l’univers est donc un « pseudo-problème ».

En réfléchissant à cette controverse, il me semble que la tentative de Grünbaum de faire apparaître une contradiction dans la conception d’une cause du Big Bang échoue et que Maddox a donc raison de soutenir que le modèle classique a bien certaines implications métaphysiques ; d’autre part, les tentatives de Maddox et de Lévy-Leblond pour éviter ou discréditer ces implications échouent également.

L’argument de Grünbaum est que même si nous supposions que t0 est un instant bien défini auquel la singularité du Big Bang s’est produite, cet « événement » ne peut pas avoir de cause préalable parce qu’il n’y a tout simplement pas eu d’instant avant t0. La singularité du Big Bang « ne peut avoir aucune cause dans l’univers » (sans doute parce qu’une causalité en sens inverse est impossible) ni ne peut « être l’effet d’une cause antérieure » (parce que le temps n’existait pas avant.) Comme Grünbaum le précise ailleurs [(1991), p. 248], cet argument ne dépend pas essentiellement de l’hypothèse selon laquelle t0 était le premier instant temporel, plutôt qu’un point singulier constituant la limite du temps, qui, par analogie avec une série de fractions convergeant vers zéro comme limite, n’a pas de premier instant. Dans les deux cas, l’objection reste la même : puisqu’il n’existait pas d’instants temporels antérieurs, il ne peut y avoir de cause antérieure à la singularité cosmologique initiale. Par conséquent, cette singularité doit être uniquement sans cause et la question de l’origine ultime posée par Maddox doit être inappropriée.

Malheureusement, l’objection de Grünbaum est assez clairement un pseudo-dilemme. En effet, il ne tient pas compte de l’alternative évidente où la cause du Big Bang a agi à t0, c’est-à-dire simultanément (ou de manière coïncidente [1]) avec le Big Bang. Les discussions philosophiques sur la direction causale traitent couramment de la causalité simultanée, la question étant de savoir comment distinguer A comme cause et B comme effet lorsque ceux-ci se produisent ensemble en même temps [Dummett et Flew (1954) ; Mackie (1966) ; Suchting (1968-69) ; Brier (1974), pp. 91-98 ; Brand (1979)] [2]. Même à un niveau plus banal, nous faisons régulièrement l’expérience de causes simultanées ; pour emprunter un exemple à Kant, une balle lourde reposant sur un coussin est la cause d’une dépression dans ce coussin. En effet, si les conditions causales suffisantes pour un événement E étaient présentes avant l’instant de l’apparition de E, alors E se produirait avant ; de même, si les conditions causales pour E disparaissaient à après avoir existé à tn < t, alors E ne se produirait pas à t. En tout cas, il ne semble pas y avoir de difficulté conceptuelle à dire que la cause de l’origine de l’univers a opéré simultanément (ou de manière coïncidente) avec l’origine de l’univers. Nous devrions donc dire que la cause de l’origine de l’univers est causalement antérieure au Big Bang, mais pas temporellement antérieure au Big Bang. Dans un tel cas, l’on peut dire que la cause existe sans espace et sans temps, sans l’univers, mais temporellement postérieure au moment de la création.

Mais pourquoi penser qu’une telle cause existe ? Très simplement, parce que l’inférence causale est fondée sur l’intuition métaphysique que quelque chose ne peut pas sortir d’un rien absolu. Une pure potentialité ne peut pas s’actualiser. Dans le cas de l’univers (y compris tous ses points limites quelconques), il n’y avait rien physiquement avant la singularité initiale [4]. La potentialité d’existence de l’univers ne pouvait donc pas se trouver en lui-même, puisqu’elle n’existait pas avant la singularité. Selon l’hypothèse théiste, la potentialité de l’existence de l’univers réside dans la puissance de Dieu de le créer. Dans l’hypothèse athée, il n’y avait même pas de potentialité d’existence de l’univers. Mais il semble alors inconcevable que l’univers devienne réel s’il n’existait aucune potentialité de son existence. Il me semble donc qu’une petite réflexion nous amène à la conclusion que l’origine de l’univers avait une cause.

D’après la nature de la problématique en question, cette cause doit avoir transcendé l’espace et le temps (au moins sans l’univers) et donc être sans cause, immuable, éternelle, immatérielle et extrêmement puissante. De plus, comme je l’ai déjà dit ailleurs [Craig (1979), pp. 149-153 ; (1991), pp. 104-108], la cause est interprétée de la manière la plus plausible comme étant personnelle. Car la seule façon dont un effet temporel pourrait provenir d’une cause éternelle et immuable semble être que la cause soit un agent personnel qui choisit éternellement de créer un effet dans le temps. Une cause immuable, fonctionnant mécaniquement, soit produirait un effet immémorial, soit ne produirait aucun effet du tout ; mais un agent doté de libre arbitre peut avoir la détermination éternelle d’agir de façon causale à un (premier) moment du temps et de produire ainsi un premier effet temporel. Par conséquent, la cause de l’univers est plausiblement considérée comme personnelle. Cette conclusion est confirmée par l’incroyable complexité des conditions initiales données dans l’univers primitif, qui témoignent d’un dessein intelligent [Leslie (1990).] Ces attributs font partie des propriétés essentielles de ce que les théistes entendent par « Dieu ».

Lévy-Leblond évitera cette implication métaphysique en adoptant la modification de la métrique du temps cosmique de Misner, qui convertit le domaine du temps physique de ]t0, +∞[ en ]-∞, +∞[. Il pense apparemment qu’en rendant la singularité cosmologique initiale infiniment éloignée dans le passé métrique, l’on peut ainsi ignorer sans risque les questions métaphysiques qu’elle soulève. Mais pourquoi devrions-nous considérer la métrique temporelle de Misner au lieu de la métrique conventionnelle comme une description factuellement objective du passé réel de l’univers ? Lévy-Leblond semble suggérer trois raisons : (i) puisque la singularité n’appartient pas au passé de l’univers, étant donné qu’elle se situe à la bordure du passé, l’on peut dire que cet « instant hors de portée » est infiniment lointain ; (ii) d’après l’analogie de la vitesse limite c et du zéro absolu, l’on devrait accepter « l’idée d’une origine temporelle devant laquelle le concept de temps n’a aucun sens » ; (iii) puisque, selon la théorie de la relativité générale le choix des coordonnées utilisées pour décrire l’univers est arbitraire, nous sommes libres de modifier les paramètres spatio-temporels par lesquels la métrique de Robertson-Walker est exprimée et de renvoyer ainsi l’origine du temps à moins l’infini.

Mais ce ne sont pas des raisons suffisantes pour préférer la modification de la métrique de Misner : (i) La singularité n’est hors de portée de la métrique standard que si l’on s’approche d’elle par un intervalle ouvert instant après instant ; mais si nous régressons par des distances d’intervalles temporels égaux non nuls, alors nous atteignons une origine absolue de l’univers en un nombre fini de pas, en ce sens que nous arrivons à une première année, ou heure, ou seconde, ou quoi que ce soit d’autre, même si ces segments temporels n’ont pas de premier instant [Smith (1985).] La singularité est le point limite du premier segment temporel et n’est donc pas infiniment éloignée. (ii) Avec la métrique standard, nous avons déjà une origine temporelle devant laquelle le concept de temps n’a pas de sens, de sorte que cela ne justifie pas une modification de la métrique. (iii) Si la théorie de la relativité générale, considérée in abstracto, n’établit aucune formule pour découper la multitude de points de l’espace-temps, certains modèles de l’espace-temps, comme le modèle de Friedman, ont une géométrie physique dynamique et évolutive qui est liée aux conditions limites d’homogénéité et d’isotropie du fluide cosmologique et qui se traduit par certaines symétries naturelles qui servent de marqueurs pour la foliation préférée de l’espace-temps et l’attribution d’un paramètre de temps cosmique [Misner, et. al. (1973), p. 714.] La sous-détermination de la théorie in abstracto n’a tout simplement aucun rapport avec le fait de préférer une horloge non conventionnelle à l’horloge conventionnelle pour mesurer le temps cosmique.

En revanche, il existe des raisons positives de rejeter la prescription de Lévy-Leblond : (i) Alors que la métrique du temps est conventionnelle dans un sens trivial partagé par toutes les quantités physiques, notre choix d’une métrique est contraint par nos conceptions préthéoriques de la congruence temporelle. Une métrique qui attribue des intervalles temporels égaux, par exemple, à mon action de déjeuner et à la période de formation des galaxies peut satisfaire tous les axiomes formels de la congruence, mais elle ne serait pas pour autant une théorie de la congruence temporelle ; toute propriété partagée à un degré égal par l’intervalle de formation des galaxies et par mon déjeuner n’est précisément pas une durée temporelle [Friedman (1973), pp. 231-232.] De la même manière, une métrique qui assigne à l’univers un âge infini et une durée temporelle passée infinie, comme l’a réalisé Milne en proposant son paramètre [Milne (1948)], n’est tout simplement pas objective sur le plan des faits, mais est un artifice mathématique. (ii) En renvoyant la singularité cosmologique initiale à moins l’infini (ϴi = -∞)*, Lévy-Leblond se retrouve carrément dans l’absurdité d’un passé infini comme le soutient G. J. Whitrow [1980], à savoir qu’il est impossible pour un événement présent de se retirer dans un passé infiniment lointain. En général, l’on répond à Whitrow en soulignant qu’un passé infini n’implique pas des événements infiniment lointains ; mais pour Lévy-Leblond, un tel recours n’est pas permis, car il a fait de l’origine de l’univers un « événement » ou une entité infiniment lointaine situé sur la limite du passé. (iii) Dans le même ordre d’idées, la modification de la métrique de Misner, malgré les protestations de Lévy-Leblond, est en proie aux Paradoxes du mouvement de Zénon en ce qu’il serait impossible d’avancer à travers la série infinie d’intervalles séparant tout temps t de l’origine singulière de l’univers [Bartels (1986), p. 112.] L’échappatoire habituelle, à savoir que les intervalles convergent en taille vers le zéro, ne peut pas fonctionner pour Misner car, en redéfinissant ce qui est considéré comme congruent dans le temps afin d’atteindre un âge infini pour l’univers, il a, en fait, rendu les intervalles égaux en longueur, de sorte que le paradoxe de la dichotomie de Zénon se fraye un chemin avec véhémence. (iv) Comme l’échelle de temps de Misner ne supprime pas le début physique de l’univers à la singularité cosmologique initiale, mais se contente de réassigner sa date, elle ne fait finalement rien pour éviter les problèmes métaphysiques associés à une origine absolue. Il suffit de dire que sur cette échelle de temps particulière, l’univers est né et a donc été créé il y a un temps infini. La prescription de Lévy-Leblond pour éviter les implications métaphysiques tant redoutées par Maddox semble donc tout à fait inutile.

Ce qui nous ramène à la préoccupation de Maddox : est-il déshonorant de tirer ce genre d’inférences métaphysiques ? Maddox semble penser que de telles déductions obscurcissent « une question importante, celle de l’origine ultime du monde ». Mais il me semble qu’il a décidé à l’avance du type de réponses à donner à cette question qui seront jugées acceptables. Cela semble être un préjugé philosophique de sa part. Comme l’a souligné Jastrow, la poursuite du passé par les scientifiques s’arrête au moment de la création ; mais simplement en tant qu’hommes et femmes pensants désireux de découvrir le sens de la vie et de l’univers, devons-nous nous interdire a priori de tirer ce qui peut nous sembler des conclusions métaphysiques plausibles ?

Bien sûr, comme nous le rappelle Grünbaum, il s’agit d’une question empirique qui consiste à savoir si la cosmogonie classique du Big Bang est une description réaliste de l’origine de l’univers. Mais les modèles alternatifs, qu’il s’agisse des modèles quantiques [Craig (1993)] ou des modèles du plasma [Kevles (1991)], ne se sont pas encore révélés convaincants. Par conséquent, il me semble que, qu’on le veuille ou non, la théorie cosmologique actuellement acceptée apporte un soutien tangible à la doctrine théiste de la creatio ex nihilo.

Références

Bartels, Andreas. [1986]. Kausalitätsverletzungen in allgemeinrelativistischen Raumzeiten. Erfahrung und Denken 68. Berlin : Dunker & Humboldt.

Brand, Miles. [1979]. « Causality« . Dans Current Research in Philosophy of Science: Proceedings of the P.S.A. Critical Research Problems Conference, pp. 252-281. Edité par P.D. Asquith et H.E. Kyburg, Jr. East Lansing, Mich.: Philosophy of Science Association.

Brier, Bob. [1974]. Precognition and the Philosophy of Science: An Essay on Backward Causation. New York : Humanities Press.

Craig, William Lane. [1993]. « The Caused Beginning of the Universe: a Response to Quentin Smith ». British Journal for the Philosophy of Science 44, pp. 623-639.

Craig, William Lane. [1979]. The Kalam Cosmological Argument. Library of Philosophy and Religion. Londres : Macmillan.

Craig, William Lane. [1991]. « The Kalam Cosmological Argument and the Hypothesis of a Quiescent Universe« . Faith and Philosophy 8, pp. 104-108.

Craig, William Lane. [1990]. « ‘What Place, then, for a Creator?’: Hawking on God and Creation ». British Journal for the Philosophy of Science 41, pp. 473-491.

Dummett, A. E. et Flew, A. [1954]. « Can an Effect Precede its Cause? » In Belief and Will, pp. 27-62. Aristotelian Society Supplementary Volume 28. Londres : Harrison & Sons.

Friedman, Michael. [1973]. « Grünbaum on the Conventionality of Geometry ». Dans Space, Time and Geometry, pp. 231-232. Edité par Patrick Suppes. Dordrecht : D. Reidel.

Grünbaum, Adolf. [1990]. « Pseudo-Creation of the Big Bang ». Nature 344, pp. 821-822.

Grünbaum, Adolf. [1991]. « Creation as a Pseudo-Explanation in Current Physical Cosmology ». Erkenntnis 35, pp. 233-254.

Jastrow, Robert. [1978]. God and the Astronomers. New York : W.W. Norton.

Kevles, D.J. [May 16, 1991]. « The Final Secret of the Universe? » New York Review of Books 38/9, p. 31.

Leslie, John. [1990]. Universes. Londres : Routledge.

Lévy-Leblond, Jean-Marc. [1989]. « The Unbegun Big Bang ». Nature 342, p. 23.

Mackie, J.L. [1966]. « The Direction of Causation ». Philosophical Review 75, pp. 441-466.

Maddox, John. [1989]. « Down with the Big Bang ». Nature 340, p. 425.

Milne, E.A. [1948]. Kinematic Relativity. Oxford : Clarendon Press.

Misner, C.W.; Thorne, K.S.; Wheeler, J.A. [1973]. Gravitation. San Francisco : W.W. Norton.

Smith, Quentin. [1985]. « On the Beginning of Time ». Noûs 19, pp. 579-584.

Suchting, W.A. [1968-69]. « Professor Mackie on the Direction of Causation ». Philosophy and Phenomenological Research 29, pp. 289-291.

Whitrow, G.J. [1980]. The Natural Philosophy of Time. 2nde éd. Oxford : Clarendon Press.

Notes

[1] De manière coïncidente dans le cas où la « simultanéité » est strictement définie en termes d’occurrence au même moment. Comme la singularité n’est pas un instant ou un moment du temps, mais une limite du temps, une cause produisant son effet à la singularité ne pourrait pas être strictement dite simultanée à son effet. Néanmoins, elles se produisent toutes deux de manière coïncidente (au sens littéral du terme), c’est-à-dire qu’elles se produisent toutes deux à t0.

[2] Dans le cas de la création de l’univers par Dieu, il est bien sûr évident de savoir quelle est la cause et quel est l’effet, puisqu’il est métaphysiquement impossible que Dieu ait une cause extérieure.

[3] Il serait vain de s’opposer à la solution proposée selon laquelle une causalité simultanée est impossible en raison de la vitesse de propagation finie des influences causales physiques, car (i) l’objection ne tient pas compte du fait que des causes lointaines sont liées par des chaînes causales aux causes immédiates des événements en question, de sorte que, pour tout intervalle de temps non nul choisi arbitrairement dans lequel l’événement se produit simultanément avec sa cause, l’on peut désigner des sous-intervalles non nuls dans lesquels des causes éloignées, intermédiaires et immédiates peuvent être identifiées dans la chaîne causale, avec pour résultat qu’une causalité simultanée n’est jamais éliminée, et (ii) l’objection n’est pas pertinente dans le cas de la création, puisque Dieu n’est pas un objet physique dépendant de signaux causaux de vitesse finie, mais, en tant que personne qui transcende l’espace, est immédiatement présent par sa connaissance et sa puissance en tout point de l’espace (ou à sa limite.)

[4] Cela ne doit pas être interprété comme voulant dire qu’il y avait un temps vide avant la singularité, car le temps commence ex hypothesi au moment de la création. Je veux dire qu’il est faux de dire que quelque chose ait existé avant la singularité.

[5] Remarquez donc que l’article de Lévy-Leblond porte mal son titre, car selon lui, l’univers a un point de départ infiniment lointain.

Note de Bible & Science Diffusion :

* Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien français, professeur émérite de l’université de Nice et directeur de programme au Collège international de philosophie de 2001 à 2007, recourt à ce qu’il appelle un « temps additif » ϴ qu’il distingue du temps cosmologique et qu’il définit de la façon suivante de manière à s’affranchir d’un commencement de l’univers :

« (…) un résultat mathématique élémentaire mais profond de la théorie des groupes garantit qu’il existe une application (fonction) qui reparamétrise le temps en un nouveau temps ϴ = (t) pour lequel la loi de composition devient additive : ∆ϴ12=∆ϴ1 +∆ϴ2

En d’autres termes (c’est l’énoncé général du théorème), tout groupe continu à un paramètre est isomorphe à un groupe additif. De plus, le paramètre additif, ici ϴ, est unique, à un choix d’unité près ; la preuve du théorème est constructive et fournit une procédure bien définie pour trouver la fonction f. C’est sur cette procédure d’ailleurs qu’est fondé le passage de la vitesse einsteinienne (non-additive) à la rapidité (additive). 

Nous appellerons “temps additif” le temps ϴ ainsi introduit. Pour le construire explicitement, il nous faut maintenant écrire une loi de combinaison naturelle pour les intervalles de temps cosmique. Cette loi ne peut être fondée que sur la seule caractéristique spécifique du modèle d’Univers considéré, à savoir son “rayon” R(t). Nous utilisons ce facteur d’échelle spatial pour mesurer l’âge de l’Univers (…).

Au temps cosmique “initial” ti, tel que R(ti)=0, correspond maintenant pour le temps additif la valeur ϴi =−∞, comme on pouvait s’y attendre. Du point de vue du temps additif, donc, il n’y a pas de début” : l’Univers a toujours été là et le Big Bang n’a jamais commencé. »

Jean-Marc Lévy-Leblond, « L’âge de l’Univers est-il vraiment fini ? », Festival d’astronomie de Fleurance, août 2006.

Les affinités marxistes de Lévy-Leblond expliquent sans aucun doute cet expédient mathématique…

Source : https://www.reasonablefaith.org/writings/scholarly-writings/the-existence-of-god/creation-and-big-bang-cosmology/

A propos de William Lane Craig

Dr William Lane Craig

Le Dr William Lane Craig est, sans conteste, le plus grand philosophe analytique contemporain encore en activité. Il est enseignant-chercheur en philosophie à l’Ecole de Théologie de Talbot à La Mirada, en Californie, aux États-Unis.  Il a obtenu, en 1977, un doctorat de philosophie de l’Université de Birmingham, en Angleterre, avant d’obtenir, en 1984, un doctorat de théologie de l’Université Ludwig-Maximilians de Munich, en Allemagne, où il a été pendant deux ans récipiendaire d’une bourse de recherche Alexander  von Humboldt.  De 1980 à 1986, il a enseigné la philosophie des religions à la Faculté de théologie évangélique Trinity Evangelical Divinity School. Avant son  affectation à Talbot en 1994, il a effectué sept années de recherche, entre 1987  et 1994, à l’Institut Supérieur de Philosophie de l’Université Catholique de Louvain, en Belgique. Il est l’auteur ou l’éditeur de plus de trente livres, dont The Kalam Cosmological Argument ; Assessing the New Testament Evidence for the Historicity of the Resurrection of Jesus ; Divine Foreknowledge and Human Freedom ; Theism, Atheism, and Big Bang Cosmology  et God, Time, and Eternity, ainsi que de plus d’une centaine d’articles publiés dans des  journaux spécialisés de philosophie et de théologie, comme notamment The  Journal of PhilosophyNew Testament StudiesJournal for the Study of the  New Testament, American Philosophical Quarterly, Philosophical Studies,  Philosophy, et British Journal for Philosophy of Science.  Un conférencier et débatteur exceptionnel William Lane Craig est considéré comme le plus grand apologète chrétien de la seconde moitié du XXe siècle et du XXIe siècle. C’est un conférencier et débatteur international qui a parlé à de nombreuses  universités renommées telles que Harvard, Princeton, Yale, Stanford, Oxford,  Cambridge, Moscou et Pékin.  Ses domaines de spécialisation sont : les arguments en faveur de l’existence de Dieu, le fondement des valeurs morales, la nature de Dieu, la nature du temps et de l’éternité, l’interface entre science et religion, le défi posé par le pluralisme religieux, le dessein intelligent, l’unicité du Jésus historique, le sens de la vie et la résurrection de Jésus.