Les évangéliques « paralysent-ils » notre réponse au coronavirus ?

Par Michael Egnor

Publié le 8 mai 2020

Traduit de l’anglais et publié avec l’aimable autorisation du Discovery Institute.

Crédit photo : Patrick Fore via Unsplash.

Oui, selon cette tribune libre du New York Times, rédigée par Katherine Stewart :

Ce déni de la science et de la pensée critique chez les ultraconservateurs religieux hante maintenant la réponse américaine à la crise du coronavirus.

Stewart, dont le mépris pour les évangéliques est vif, s’oppose notamment à l’évocation de Pâques par le président [Trump] plutôt que de la « mi-avril » :

M. Trump a exprimé son souhait de voir le pays « sortir du confinement et fin prêt à repartir d’ici Pâques ». Il aurait pu, bien sûr, dire « à la mi-avril ». Mais M. Trump n’a pas évoqué Pâques par hasard, et beaucoup de ses alliés évangéliques ont été satisfaits de sa vision « d’églises pleines à craquer dans tout notre pays ».

« Je pense que ce serait un moment magnifique », a déclaré le président.

Peut-être qu’un souhait présidentiel que nous retournions au travail d’ici la Journée de la Terre aurait apaisé Mme Stewart.

Lorsqu’une réponse centralisée forte est nécessaire de la part du gouvernement fédéral, il n’est pas utile d’avoir une administration qui n’a jamais cru à un gouvernement fédéral au service du bien commun. D’ordinaire, les conséquences de ce genre de comportement ne se manifestent pas avant un certain temps. Dans le cas d’une pandémie, les conséquences sont trop évidentes pour être ignorées.

Experts et fonctionnaires d’État

Stewart poursuit son réquisitoire en dénonçant quelques pasteurs évangéliques et fonctionnaires du gouvernement pour leurs déclarations trop optimistes au début de la pandémie. Son silence sur les rejets de la pandémie par des experts résolument laïques est remarquable. Des experts sans aucun brin de ferveur évangélique ont encouragé avec confiance les citoyens à se déplacer, à se mêler aux foules et à faire leurs achats avec un entrain renouvelé. En particulier, c’est à New York, qui est maintenant le point zéro du Covid-19 aux États-Unis, que plusieurs de ces experts et fonctionnaires d’État ont fait leurs déclarations dans lesquelles ils niaient la pandémie.

Les évangéliques comme bouc-émissaire

Plusieurs réflexions me viennent à l’esprit :

  1. Il est répréhensible que Stewart écrive, et que le New York Times publie, un article à sensation d’orientation politique partisane en utilisant la pandémie comme un prétexte. Les erreurs de jugement sur le Covid-19 ont été nombreuses, et celles des experts laïques et des fonctionnaires d’État sont bien plus répandues et plus meurtrières que celles de (quelques) pasteurs et politiciens chrétiens. Pourquoi nos frontières ont-elles été si longtemps ouvertes aux personnes voyageant depuis Wuhan et les régions touchées par cette pandémie ? Qu’a fait le CDC [n.d.t. : centre gouvernemental de contrôle et de prévention des maladies] pour prévenir ce fléau ? Nos experts scientifiques savaient en novembre que ce virus mortel faisait rage en Chine. Ont-ils recommandé une interdiction de déplacement pour les personnes susceptibles d’être infectées ? Ont-ils recommandé une préparation de la réponse médicale nécessaire ? Que savaient-ils exactement, quand l’ont-ils su, et qu’ont-ils fait ?
  2. Stewart se trompe tout à fait sur le scepticisme concernant le réchauffement climatique. Un scepticisme scientifique plus réfléchi, fondé sur des preuves, à propos des apocalypses médiatisées tel le réchauffement climatique aurait libéré la communauté scientifique et le gouvernement pour qu’ils consacrent en priorité leurs ressources aux dangers réels menaçant les Américains, comme les pandémies virales. La ville de New York n’a pas été inondée par la montée des eaux ni brûlée par une chaleur torride, mais elle a été submergée par le Covid-19. L’allocation de fonds pour la recherche sur les menaces qui pèsent sur nos citoyens a-t-elle été fondée sur une véritable science ou sur une hystérie alimentée par un « consensus » idéologiquement médiatisé ? Par exemple, de 2003 à 2010, le gouvernement fédéral américain a dépensé 106,7 milliards de dollars pour des projets liés au réchauffement climatique. Combien a-t-on dépensé pour la protection contre les pandémies virales ? Ces milliards n’auraient-ils pas pu être mieux dépensés pour nous protéger contre les pandémies ?
  3. La cause fondamentale de cette pandémie mortelle est l’incompétence, la corruption et la malveillance de l’établissement scientifique et politique chinois. La gestion de cette crise par la Chine est un cas d’école de pseudoscience politisée – une perversion de la science en vue d’atteindre des objectifs politiques. Les quelques médecins et scientifiques chinois courageux qui ont pris la parole pour mettre en garde contre cette épidémie ont été réduits au silence par le gouvernement et l’établissement scientifique chinois. Dans une interview accordée avant sa mort, Li Wenliang, le médecin chinois qui avait averti de la pandémie avant de mourir en la combattant, a donné une voix éloquente aux sceptiques qui s’expriment sur le « consensus scientifique » :

« Je pense qu’une société saine ne devrait pas avoir qu’un seul type de voix. »

Stewart, en faisant des évangéliques un bouc-émissaire, met sous silence la source scientifique et idéologique saillante de cette pandémie.

Ce n’est pas la foi évangélique.

La Chine n’est guère un chaudron bouillonnant de ferveur évangélique. La source de cette pandémie est la plus grande et la plus fervente nation athée de la planète. La culture scientifique chinoise est athée du début jusqu’à la fin et est infestée par le darwinisme, qui s’est répandu en Chine au début du XXe siècle :

Yan Fu (1854-1921), célèbre penseur chinois, a été le premier à introduire les théories darwinienne en Chine. Il est connu pour sa traduction, publiée pour la première fois en 1898, de l’ouvrage de Thomas Huxley intitulé Evolution and Ethics, qui a non seulement initié la diffusion de l’idée d’évolution biologique en Chine, mais a également eu un impact social considérable sur la diffusion de la science, de l’éveil intellectuel et des idées de réforme et de révolutions sociales.

Le Covid-19 n’est pas né d’un barbecue d’une église baptiste en Alabama. Il s’agit d’un (autre) Tchernobyl entièrement séculier. Des gens intolérants antichrétiens comme Katherine Stewart utilisent cette crise pour présenter une image déformée de la véritable incompétence et de la corruption qui ont déclenché ce fléau dans le monde. La cause de cette crise est laïque, et il s’agit d’une culture scientifique laïque notablement dépourvue d’évangéliques. Nous devons être honnêtes quant au lieu et à la manière dont cette pandémie est apparue, et il est répréhensible de rejeter la faute sur les évangéliques qui sont en première ligne de la lutte contre ce fléau. Il y a des dizaines de millions d’Américains évangéliques – des infirmières et des aides-soignants, des médecins et des chauffeurs de camion, des magasiniers et des travailleurs aux compétences multiples qui risquent quotidiennement leur vie en fournissant de la nourriture, en prodiguant des services et des soins de santé face à cette pandémie, et pour lesquels leur foi chrétienne est une source de force indispensable.

Les évangéliques n’ont pas causé ce fléau, et nous avons désespérément besoin du courage et de la sagesse que les évangéliques ont toujours apportés pour lutter contre les pandémies. Des millions d’évangéliques travaillent au moment où nous parlons pour sauver des vies, et ils méritent mieux que cette calomnie. Nous serions sages, lorsque cette crise s’estompera, de regarder de près le véritable « consensus » idéologique et scientifique – un consensus totalement laïque qui a infligé cette misère à l’humanité.

Source : https://evolutionnews.org/2020/03/are-evangelicals-crippling-coronavirus-response/. Article original publié le 30 mars 2020 à 17h45.


Note de B&SD :

En France également, les médias et un certain nombre de politiques ont ciblé leurs attaques contre une église évangélique, en l’occurrence la Porte Ouverte Chrétienne (POC) de Mulhouse allant même jusqu’à comparer les évangéliques à des jihadistes, ce qui montre un sentiment antichrétien de plus en plus toxique dans notre pays. Les conséquences d’une telle désinformation sont déjà fort tumultueuses et nocives, car les chrétiens de la POC ont fait l’objet d’intimidations, de violences verbales et même de menaces de mort. Sur les réseaux sociaux, la haine des chrétiens évangéliques s’exprime maintenant très fréquemment avec une intensité qui rappelle les pires moments de l’histoire.

Ceux qui ont initié une telle désinformation porteront une responsabilité très grande et seront jugés très sévèrement par l’histoire, car cet antichristianisme primaire signale une prochaine persécution des chrétiens dans un climat déjà tragique où les chrétiens sont le groupe religieux le plus persécuté dans le monde.

Le pays des droits de l’homme se dirige ainsi vers un totalitarisme insidieux digne des régimes marxistes dont il porte les germes par l’esprit révolutionnaire des Lumières qui a abouti aujourd’hui non seulement à la destruction de toute transcendance, mais aussi à clamer la mort complète de Dieu, comme l’avait prédit, par exemple, le penseur Johann G. Hamann (cf. John Betz, Au Lendemain des Lumières. Editions La Lumière, juin 2017.)

Autre article recommandé : Eric Lemaître, « Covid-19 : une église chrétienne sert de bouc-émissaire.