La calamité de la Covid-19 : quand le remède est pire que la maladie.
B&SD : Bien que l’article ci-dessous ait été écrit il y a plus d’un an, au commencement de la crise sanitaire qui allait très vite devenir mondiale avec son cortège de mesures absurdes et inédites dans l’histoire des pandémies, son auteur a le mérite d’avoir posé, d’emblée, des questions clés pertinentes et choisi les repères adéquats pour trouver les bonnes réponses : il s’est appuyé sur des principes bibliques révélés, la loi de Dieu, comme jauges et étalons permettant d’évaluer les politiques sanitaires mises en place. La direction qu’a prise cette crise sanitaire mondiale plus d’un an plus tard, les développements inquiétants autour du passeport vaccinal au niveau de l’Europe et les faits scientifiques relatifs à la Covid-19 et aux vaccins donnent raison a posteriori aux intuitions de l’auteur fondées sur les enseignements bibliques.
Par Joseph Boot
Note : Cet article a été édité pour refléter les commentaires de conseillers bien intentionnés sur la version originale. Je les en remercie.
Le régime quotidien
Ces dernières semaines, le bruit et l’impact de l’épidémie de Covid-19 n’ont pas manqué de se faire sentir. Pour ceux qui ne le savent pas encore, les coronavirus sont courants et coexistent chez les humains et les animaux dans le monde entier – des variantes de ces virus sont responsables du rhume. Les spécialistes des maladies infectieuses considèrent que les coronavirus provoquent des infections/maladies des voies respiratoires généralement mineures et souvent infracliniques (c’est-à-dire sans symptômes.) Pourtant, comme tout le monde peut le constater, cette nouvelle variante suscite des craintes dans notre monde interconnecté.
L’apparition et la propagation de la Covid-19 sont naturellement inquiétantes et, en particulier pour les personnes âgées affaiblies par leur âge avancé ou des conditions préexistantes, ses effets sont potentiellement aussi tragiques que ceux d’autres virus saisonniers – cela est clair. La nouveauté de cette souche particulière signifie que les incertitudes abondent avec, simultanément, une confusion généralisée et des informations souvent contradictoires. Des chiffres extrêmement divers sur les maladies (qui ne prennent souvent pas la peine de faire des distinctions scientifiques entre les infections) et des données effrayantes sur les décès liés à la Covid-19 sont diffusés sur les ondes, qui diffèrent souvent tellement qu’ils sont presque insignifiants pour le grand public qui a tendance, par osmose, à ingérer quotidiennement une alimentation faite d’hystérie médiatique et de bruits de fond. En conséquence, tout autour, le cœur des gens tremble de peur et l’impact sur nos vies à tous se fait profondément sentir au Canada et dans une grande partie de l’Occident, malgré nos économies développées (Luc 21:26.) Ce qui est tout aussi troublant dans cette frénésie, c’est qu’il semble risqué de remettre en question les récits apocalyptiques dominants ou d’aborder la question de la main de Dieu dans tout cela. Le simple fait de poser des questions peut conduire à des accusations d’imprudence, d’insouciance ou de négationnisme. Eh bien, qu’il en soit ainsi…
La souveraineté de Dieu
En critiquant la situation actuelle, il est évidemment important de ne pas minimiser ni de prendre à la légère la peur que les gens ressentent réellement ni la perte que certains subissent, soit à cause du virus lui-même, soit indirectement par la gravité de la réaction à celui-ci. La perte de toute vie dans cette pandémie est tragique et doit être prise au sérieux. Dans cette perspective, mon souci dans cet article est de faire deux choses. Tout d’abord, réfléchir à ce que l’Écriture dit sur les épidémies de maladie et de panique, puis considérer et peser le coût sociétal de la réponse [au virus] d’une manière mesurée et non réductrice. Nous sommes obligés de nous demander calmement, lorsque des mesures drastiques sont prises maintenant pour atténuer la propagation de cette souche de virus, quelles sont les conséquences à venir pour les malades, les pauvres, les chômeurs, ainsi que pour les personnes socialement isolées. Et à quelles retombées politiques et sociétales pouvons-nous être exposés ?
Tout d’abord, il faut prendre du recul par rapport à l’incessante furie médiatique et, d’un point de vue chrétien, noter ce que dit la Bible sur les épidémies et la réaction des gens face à Dieu au milieu des troubles. Si nous commençons par nous demander si ce virus – qui provient d’un marché humide violant toutes les distinctions entre ce qui est pur et impur et toutes les ordonnances alimentaires de l’Écriture – est une bénédiction du Seigneur sur les nations, la réponse est évidemment non ; bien que Dieu soit capable de bénir son peuple au milieu de tout cela.
Cependant, puisque, dans la vision chrétienne du monde, toutes choses sont sous la providence et la main souveraine de Dieu qui est actif au sein de l’histoire pour amener ses justes jugements, nous ne pouvons voir dans cette épidémie et cette réponse paniquée qu’un aspect de la malédiction de Dieu et des sanctions alliancielles (Deutéronome 27-28.) En tant que tel, il y a des choses à apprendre dans cette crise, tant pour l’Église de Dieu que pour les incroyants. Seul un laïcisme stérile, fondé sur un réductionnisme radical qui insiste sur le fait qu’il faut voir les épidémies et la réponse humaine en termes purement biologiques et sociologiques, ne verra pas la main de Dieu dans cette situation.
Les jugements de Dieu
La Bible est en fait remplie d’avertissements divins concernant les maladies et les épidémies qui frappent ceux qui vivent dans une rébellion et une désobéissance persistantes à Dieu (Exode 7-11 ; Deutéronome 28:21, 22, 27 ; 2 Chroniques 7:13 ; Ézéchiel 14:21 ; Amos 4:10 ; Romains 1:27 ; Apocalypse 16:9 ; 18:8, etc.) Puisque Dieu avertit son propre peuple (et non seulement les Égyptiens !) qu’il va leur susciter une peste collective, des afflictions et des maladies à cause de leur iniquité et de leur rébellion (cf. Deutéronome 28), en tant que chrétiens, nous ne sommes pas à l’abri des jugements de Dieu sur les nations car nous en faisons réellement partie et y avons une place déterminante (Matthieu 5:13-16 ; 1 Pierre 4:17.)
Qui plus est, maladies et épidémies ne sont pas la seule forme de jugement collectif dans les Écritures. En raison de la réalité du péché et du mal, la panique, la confusion et la folie se produisent fréquemment en réponse à l’activité de Dieu dans l’histoire. Le philosophe hébreu inspiré décrit avec justesse la condition humaine déchue :
« Aussi le cœur des fils de l’homme est-il plein de méchanceté, et la folie est dans leur cœur pendant leur vie. »
Ecclésiaste 9:3.
À cause de cela, les gens sont enclins à répondre aux œuvres de jugement de Dieu et à révélation qu’Il donne de lui-même, non pas dans la repentance et la foi, mais avec crainte, dans la panique et la confusion. Après que les Égyptiens eurent connu divers fléaux et qu’ils eurent poursuivi follement les Israélites dans le désert, Dieu les jeta dans la confusion mentale (Exode 14:24.) En une occasion, lorsque le fidèle Josaphat, roi de Juda, affronta ses ennemis, Dieu les affligea d’un tel esprit de confusion qu’ils s’attaquèrent les uns aux autres (2 Chroniques 20:22.) Lors d’un incident similaire dans 1 Samuel 14:15ss, Dieu répandit la terreur et la panique parmi les Philistins, de sorte qu’ils finirent par se battre les uns contre les autres plutôt que contre Israël.
De manière critique, Dieu avertit également son propre peuple qu’Il leur apporterait confusion et réprimande à cause de leur méchanceté et de leur péché.
« L’Éternel te frappera de délire, d’aveuglement, d’égarement d’esprit. »
Deutéronome 28:28.
Les prophètes Ésaïe (Ésaïe 22:5) et Zacharie avertissent tous deux que le jugement de Dieu amènera un jour de confusion – chez Zacharie, une grande panique suit l’apparition de la maladie comme un aspect du jugement de Dieu (Zacharie 14:13.) En bref, Dieu n’est pas tendre lorsqu’il s’agit de faire face au péché présomptueux et à la rébellion de l’homme. Nous voyons dans toute l’Écriture un lien entre l’iniquité et la rébellion, la maladie, la confusion et la panique. Le désordre sociétal qui en résulte devient souvent une bien plus grande manifestation du jugement de Dieu que le fléau originel.
Le spectre de la mort, d’une certaine façon, pousse les gens qui n’ont pas foi dans le Dieu vivant à prendre des décisions irréfléchies et irrationnelles, et expose également l’hypocrisie. Il y a un mois environ, les médias et les élites libérales progressistes considéraient les frontières nationales fortes (en particulier celles de notre voisin du Sud [B&SD : les États-Unis) comme pratiquement un mal moral, maintenant ils ferment les frontières nationales aussi vite qu’ils le peuvent. Le président Macron en France, un pays au centre de l’Union européenne, a saisi des fournitures médicales achetées par d’autres pays européens et en route vers ces derniers. Il y a quelques semaines encore, les voix écologistes radicales bloquaient les chemins de fer canadiens, condamnaient la productivité, tenaient en otage le pays et qualifiaient l’homme de virus infectant la planète. Lorsqu’un véritable virus les menace, il faut soudain que les entreprises privées et les industries productives et manufacturières fabriquent du matériel médical pour sauver les hommes du virus. Bien que notre société soit prête à tuer les enfants à naître et les personnes âgées par milliers par décision humaine au nom de l’autonomie et de la dignité, elle est terrifiée à l’idée d’être exposée à un tueur potentiel de peut-être 1 % des personnes infectées par quelque chose que nous ne contrôlons pas.
La mentalité de troupeau qui règne actuellement, saturée par des émissions diffusées 24 heures sur 24 qui transmettent, selon une définition généreuse, les « actualités » et l’accès illimité aux médias sociaux ont donné un nouveau sens à l’expression « devenir viral », mais ce qui est devenu viral, c’est surtout la peur. Le régime quotidien des titres apocalyptiques devient une prophétie qui se réalise d’elle-même sur la place publique et dans les relations sociales à une époque qui se targue d’être rationnelle, scientifique et fondée sur des preuves. L’hystérie généralisée, le fait de céder à la panique, les confinements, les bradages de la grande consommation, les fermetures d’entreprises et les mesures draconiennes qui restreignent les libertés civiques des gens sont encouragés par une culture médiatique avide de gros titres et de la fin du monde telle que nous la connaissons – les gens se méprennent souvent ou se retournent les uns contre les autres pour accumuler la dernière part de tarte – ou le dernier rouleau de papier toilette, selon le cas. La situation me rappelle les paroles de l’auteur japonais Haruki Murakami, qui disait : « Tout le monde, au fond de son cœur, attend la fin du monde ». Tous ces moments d’épidémie et de panique nous rappellent que l’histoire manifeste l’appel persistant de Dieu à la repentance, tant pour son peuple que pour les nations (Luc 13:1-5) et offre une précieuse occasion de témoigner de la vérité, de la beauté et du pouvoir de guérison de l’Évangile.
La maladie sur le sol
Décrire la situation comme une panique, c’est bien sûr suggérer qu’il peut y avoir, dans certaines réponses sociales et politiques, une réaction disproportionnée à la situation, ou dans certains cas tragiques, une réaction autodestructrice. C’est ce que je ressens depuis le début de cette crise, et je regarde maintenant les choses évoluer en Asie et en Afrique. Nous avons besoin d’une réponse biblique, mesurée et fondée sur des faits, qui tienne compte de toutes les nations touchées et qui prenne en considération à la fois l’impact du virus et les diverses réactions lors de l’évaluation des conséquences sur la santé et le bien-être.
Notre réaction à la maladie sera inévitablement façonnée par les hypothèses religieuses sous-jacentes, c’est-à-dire notre vision du monde et de la vie, en particulier en ce qui concerne la nature de la personne humaine et notre concept du divin. Dans un Occident en voie de déchristianisation, une partie de ce que nous avons vu ne semble pas être motivée par un bon sens chrétien réfléchi, ni par l’altruisme et l’amour du prochain, mais par une auto-préservation à courte vue, une mentalité de troupeau ou une peur irrationnelle.
La sobriété est souvent victime de la panique. En Grande-Bretagne, Neil Ferguson, le principal scientifique à l’origine de la prédiction des 500 000 décès au Royaume-Uni faite par l’Imperial College (qui est lui-même atteint du virus et dont les modèles ont influencé la décision du gouvernement de confiner la Grande-Bretagne il y a quelques jours), vient de revoir radicalement sa prédiction de mortalité à la baisse, à 20 000 ou moins, après avoir été contesté par d’autres virologues qui ont affirmé que son modèle était basé sur des hypothèses erronées. Est-il possible que certains de nos modèles informatiques et certaines de nos généralisations hâtives reposent sur des données inadéquates et des informations moins que suffisantes [1] ?
Nous pouvons être très reconnaissants envers Dieu de ce que cette maladie semble clairement moins infectieuse que la rougeole ou la varicelle et n’ait pas la mortalité d’Ebola. En outre, il est également évident que, contrairement à la grippe espagnole après la Première Guerre mondiale, qui a tué des millions de jeunes, il s’agit d’une maladie qui touche essentiellement les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies chroniques préexistantes. Cela étant dit, les gens ne se réduisent pas à des points de données et chaque décès entraîne une perte réelle dans la famille de quelqu’un, quelque part. Il est toujours important de garder cela à l’esprit en passant au crible les statistiques publiées qui sont difficiles à interpréter (surtout pour un profane.) Selon certains médecins spécialistes, l’évaluation du danger réel de la maladie ne peut pas se faire simplement en indiquant le nombre de personnes testées positivement ou de personnes qui meurent avec le virus dans leur corps, mais par le nombre de personnes qui meurent réellement et de manière inattendue d’une pneumonie [2.]
L’évaluation de la gravité de la situation est d’autant plus compliquée que l’on rencontre des articles fréquemment cités de « personnes en dehors du cadre » comme ceux du spécialiste américain en médecine et en épidémiologie de Stanford, John Ioannidis. Il affirme qu’actuellement le fiasco des preuves présentées par les médias populaires basées sur des « chiffres officiels » est pratiquement inutile d’un point de vue scientifique :
« Ce fiasco des preuves crée une énorme incertitude quant au risque de mourir de la Covid-19. Les taux de mortalité signalés, comme le taux officiel de 3,4 % de l’Organisation mondiale de la santé, sont horribles – et n’ont aucun sens. Les patients qui ont été testés pour le SRAS-CoV-2 sont, de manière disproportionnée, ceux qui présentent des symptômes graves et de mauvais résultats. Comme la plupart des systèmes de santé ont une capacité de dépistage limitée, le biais de sélection pourrait même s’aggraver dans un avenir proche [3]. »
John Ioannidis.
Selon lui, ce qui se rapproche le plus d’une étude scientifique, c’est un bateau de croisière en quarantaine, le Diamond Princess :
« Le taux de létalité y était de 1,0 %, mais il s’agissait d’une population majoritairement âgée, dans laquelle le taux de mortalité dû à la Covid-19 est beaucoup plus élevé. »
John Ioannidis.
Voici sa conclusion provisoire :
« En projetant le taux de mortalité de la Diamond Princess sur la structure par âge de la population américaine, le taux de mortalité des personnes infectées par la Covid-19 serait de 0,125 %. Mais comme cette estimation repose sur des données extrêmement fines – il n’y a eu que sept décès parmi les 700 passagers et membres d’équipage infectés – le taux de mortalité réel pourrait s’échelonner entre un chiffre cinq fois inférieur (0,025 %) et cinq fois supérieur (0,625 %) [4]. »
John Ioannidis.
Il a peut-être raison, mais peut-être a-t-il tort. Il est trop tôt pour le dire. Je me contente de laisser aux médecins et aux spécialistes des maladies le soin de se débattre avec ces questions et d’en dégager les réponses. La plupart d’entre eux estiment qu’il est tout simplement trop tôt pour tirer des conclusions définitives quant à l’ampleur éventuelle de l’épidémie et à son coût en vies humaines pour les personnes âgées.
Un remède pire que la maladie ?
Ces incertitudes évidentes rendent certaines réactions des politiques et des médias au virus déroutantes, pour ne pas dire plus. Nous ne sommes pas encore certains que les mesures de confinement dans le style de la dictature chinoise fonctionnent mieux que la décision de la Suède de garder le pays ouvert, même pour contenir le virus. Envoyer des étudiants à l’université chez eux et fermer des écoles, par exemple (une tranche d’âge non vulnérable à la maladie), pour qu’ils se mélangent toute la journée, tous les jours, avec leurs parents et grands-parents, semblent contre-intuitifs pour le profane en matière de confinement. Hong Kong, Singapour, la Suède et la Corée du Sud ont tous géré la situation assez efficacement jusqu’à présent, sans les mesures de confinement draconiennes observées au Canada, au Royaume-Uni et dans d’autres pays occidentaux.
J’ai mentionné au passage que ce virus s’est presque certainement propagé, comme plusieurs avant lui, en raison de la mauvaise manipulation et/ou de la consommation de certains animaux. Il y a une racine religieuse dans ce que les gens mangent et dans la façon dont ils le font, et les idées païennes sur ce que certains animaux peuvent faire pour nous ou nous transmettre s’ils sont consommés comme un mets délicat, mangés crus ou même vivants, sous-tendent de nombreuses habitudes alimentaires en dehors des frontières de ce qu’on appelait autrefois la chrétienté – des nations qui étaient et restent profondément influencées par la compréhension hébraïque de l’alimentation, du régime alimentaire et de l’abattage des animaux. Ignorer les ordonnances de Dieu concernant la distinction entre les animaux propres et impurs destinés à la consommation, qui est antérieure à Moïse (cf. Lévitique 11 ; Deutéronome 14) et qui était manifestement connue et suivie par Noé (Genèse 7:2), a des conséquences évidentes [5].
Mais il convient de noter que pour faire face aux retombées de cette violation, il faut se tourner vers d’autres lois bibliques pour résoudre le problème – des lois relatives aux quarantaines qui sont antérieures de plusieurs siècles à notre compréhension moderne de la microbiologie (cf. Lévitique 13-15.) Bien que les détails de ces lois ne s’appliquent plus de la même manière, les principes de base restent valables. Ces lois ont été appliquées à l’époque médiévale pour lutter contre la lèpre et ont contribué à l’éliminer en Europe. La quarantaine est donc importante pour prévenir la propagation des maladies infectieuses. Toutefois, la mise en quarantaine massive de populations entières qui ne présentent pas de symptômes (ou qui sont débarrassées de la maladie après avoir subi des tests) ne peut pas être étayée par les Écritures et ne connaît aucun précédent en Occident, ce qui nous place en territoire dangereux. Il y a eu des exemples intéressants d’isolement volontaire dans le passé, comme celui de la ville d’Eyam dans le Derbyshire lors d’une grave épidémie de peste en 1666, mais il s’agissait d’un isolement volontaire et peu typique. Alors comment évaluer les risques liés à cette réaction au virus ?
Tout d’abord, il y a la question de la suspension des libertés civiques. La plupart des gens semblent n’avoir qu’une compréhension faible, sinon aucune du tout, de la gravité de telles décisions. En Grande-Bretagne, la police a fait voler des drones au-dessus des Derbyshire Dales pour attraper des gens marchant seuls dans les collines – une menace évidemment terrifiante pour la sécurité publique [6]. Des comparaisons ridicules avec les souffrances de la Seconde Guerre mondiale sont faites pour justifier la suspension des droits des individus, des familles, des entreprises et des églises. Hier, le Premier ministre canadien Justin Trudeau, toujours caché dans sa résidence, a annoncé l’activation des pouvoirs conférés par la Loi sur la quarantaine, qui sera appliquée au moyen d’amendes et même de peines de prison. Un de mes amis a vu la police venir fermer de force son entrepôt cette semaine, alors que son entreprise travaille dans un secteur essentiel répertorié.
Au Royaume-Uni, un nouveau projet de loi du gouvernement donne au Parlement des pouvoirs étendus pour restreindre les événements, les réunions et fermer des locaux tels que les bars si les ministres décident qu’ils constituent une menace pour la santé publique. Il met en œuvre de nouvelles règles de distanciation sociale et confère des pouvoirs législatifs permettant de détenir et d’isoler les personnes considérées comme présentant un risque de transmission du virus. Les couvre-feux, la présomption de culpabilité et les pouvoirs d’arrestation arbitraire ne sont guère les fondations sur lesquelles les libertés civiques britanniques ont été construites. Si ce virus était au niveau 4 de danger biologique, l’on pourrait comprendre que des mesures très extrêmes soient prises, mais certaines de ces décisions basées sur les preuves actuelles semblent presque être le résultat d’un délire collectif. Plusieurs députés britanniques ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant à une utilisation malveillante du projet de loi et ont insisté sur le fait que le projet de loi devrait automatiquement expirer dans un délai d’un an. Néanmoins, ce qui est souvent présenté comme des mesures temporaires s’éternisent d’une façon ou d’une autre après une crise, créant un précédent pour la prochaine chose qu’un État donné juge être une menace pour la santé et la sécurité publiques. Il suffit de voir les retombées politiques de la Seconde Guerre mondiale en Grande-Bretagne en termes de croissance de l’État, de réglementations et de contrôle.
Le critique social britannique, Peter Hitchens, a fait part de ses inquiétudes sérieuses et justifiées concernant les mesures frénétiques et risquées des gouvernements et leur utilisation d’un « arbre magique de l’argent » proposant de sauver la société avec de l’argent factice dans le sillage du confinement de la planète. Il écrit que « les décès dus au coronavirus, bien que pénibles… ne sont pas si nombreux qu’ils obligent le monde civilisé à fermer les transports et le commerce, ou à renoncer à des libertés séculaires en un après-midi » [7]. Les progressistes, les socialistes et les marxistes qui détestent généralement tout ce qui s’apparente à une économie de marché libre ne veulent certainement pas gâcher une occasion d’alimenter une crise et d’en tirer profit, et nous avons déjà vu des mouvements cyniques dans les démocraties occidentales dissimulant un programme radical dans des projets de loi et des plans de relance – y compris dans des parties du tristement célèbre Nouvel Accord Vert (Green New Deal) aux États-Unis. Au Canada, le gouvernement libéral a tenté de se donner les coudées franches pendant près de deux ans pour dépenser, emprunter et modifier les niveaux d’imposition sans l’approbation du Parlement. Même le chef de l’opposition Andrew Scheer, un homme qui ne ressemble pas, même de loin, à un véritable conservateur du point de vue économique ou social, a déclaré :
« Ce à quoi nous n’étions pas préparés, c’est la tentative de prise de pouvoir antidémocratique du gouvernement. »
Andrew Scheer, chef de l’opposition au Canada.
En Nouvelle-Zélande, le gouvernement a profité de la crise pour faire passer un projet de loi dépénalisant l’avortement et abandonner un référendum national sur le sujet. Nous entendons la rhétorique des politiciens, dont Justin Trudeau, qui nous disent que nous sommes une « communauté mondiale » et qu’une « crise mondiale exige une coopération et une réponse mondiales ». Malheureusement, cela implique généralement de nouvelles mesures pour transférer les richesses et l’argent des contribuables là où les élites mondiales veulent qu’il soit dépensé, le recours à des organismes internationaux non responsables et l’utilisation d’entités comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, tout en exportant les valeurs laïques occidentales dans le monde entier au nom de la gouvernance mondiale. L’ancien Premier ministre britannique et socialiste Gordon Brown a rapidement appelé à la mise en place d’une structure gouvernementale mondiale « temporaire » pour répondre à la crise, et a suggéré que le Conseil de sécurité des Nations unies soit impliqué. Brown a demandé la création d’un « groupe de travail réunissant des dirigeants mondiaux, des experts de la santé et les dirigeants des organisations internationales qui auraient des pouvoirs exécutifs pour coordonner la réponse » [8]. Oui, c’est exact, une liste de bureaucrates pour gérer le monde au nom des états nations souverains. Il est difficile de ne pas voir, au milieu d’une panique alimentée par les médias, un vaste coup de force en préparation. La redoutable BBC clame également la nécessité d’un nouvel ordre mondial permettant une coopération planétaire et félicite la Chine (source originelle du virus) pour son courage et son leadership mondial, tout en accusant sans réfléchir les États-Unis d’avoir « échoué ». Les flagorneurs de la BBC, qui se moquent des élites de gauche, ont vraiment sacrifié toute crédibilité, car leur programme idéologique fait fi de la réalité et traite les faits comme s’ils étaient créés par eux.
Ensuite, il y a les retombées économiques. Les pertes d’emplois généralisées, le chômage, l’effondrement des marchés boursiers et la forte contraction économique ne causeront pas seulement des douleurs et des souffrances indicibles aux gens ordinaires, mais placeront davantage de pouvoir et de contrôle entre les mains de l’État et d’un petit nombre d’entreprises gigantesques. Au Canada, de grandes entreprises comme Walmart et d’énormes sociétés de vente en ligne comme Amazon fournissent des « services essentiels » et gagneront des millions de dollars, ce qui les placera dans une position idéale pour mettre hors course leurs concurrents après la levée des restrictions. Et les plans de relance ou de sauvetage, s’ils sont nécessaires dans divers domaines pour compenser dans une certaine mesure les pertes causées par les fermetures obligatoires, ne font qu’alourdir la dette nationale et hypothéquer l’avenir. Au Canada, l’État promet de donner « généreusement » 107 milliards de dollars en chèques de paie aux citoyens, comme si l’État n’avait pas d’autre argent que celui qu’il prend aux contribuables, en imprimant l’argent qu’il n’a pas, en dévalorisant la monnaie et en dévaluant l’épargne des citoyens. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que dans certains cas, comme en Allemagne, le gouvernement pourrait bien finir par posséder d’énormes parts d’entreprises privées dans tout le pays au nom du renflouement et de la relance pour résoudre un problème que ces gouvernements eux-mêmes contribuent à créer. Ces conséquences sont profondément troublantes et doivent être étudiées dès maintenant.
Le danger du réductionnisme
J’ai commencé cet article en suggérant que l’approche actuelle de la crise était réductionniste. Nous faisons face à cette menace virale comme si les dommages causés par la maladie pouvaient être mesurés principalement en termes biologiques immédiats, c’est-à-dire par le nombre de personnes qui sont infectées. Mais le grand danger est que cette perspective réductionniste du bien-être humain crée un désastre plus important en matière de santé et de bien-être. Les êtres humains sont plus que des organismes biochimiques. Nos vies participent à une riche trame rassemblant divers aspects de l’ordre créé, qui ont tous une incidence sur notre santé et notre bien-être. Le professeur danois Peter C. Gøtzsche a fait valoir que si la panique continue, « les préjudices comprennent les suicides qui augmentent en période de chômage, et lorsque les personnes qui possèdent des entreprises, qu’elles ont consciencieusement édifiées pendant de nombreuses années, voient ces dernières tomber en ruine, elles peuvent se suicider. La panique tue aussi la vie elle-même » [9].
Les dommages infligés à la santé des gens par la perte d’un emploi, l’anxiété, l’effondrement du marché, la perte d’accès à l’éducation, l’isolement social, la perte des épargnes ou de la retraite, le manque d’accès aux soins de santé pour les maladies graves et la dislocation des communautés peuvent être totalement dévastateurs. Les personnes âgées vulnérables voient en fait leur vie prolongée par les contacts sociaux, les événements, les loisirs et les passe-temps. Il se peut, en réalité, que ces mesures réduisent l’espérance de vie de millions de personnes. Et d’innombrables personnes nécessitant des opérations (dont beaucoup sont annulées) et des traitements médicaux pour des affections graves peuvent souffrir et mourir en raison des circonstances actuelles. Dans les pays en développement en particulier, la pauvreté qui résulte de l’effondrement catastrophique des marchés et de la fermeture de l’économie mondiale peut être bouleversante et potentiellement bien pire que le virus lui-même en termes de mortalité et de diminution de l’espérance de vie. Et nous pourrions bientôt en arriver à regretter profondément la dette supplémentaire et l’abandon du pouvoir et de la propriété au profit des gouvernements civils, avec de dangereux précédents créés pour la suspension des libertés civiques à l’avenir. Même lorsque les gens ont le sentiment qu’il n’y a pas d’autres choix en raison de la surcharge des systèmes de santé, ces conséquences réelles ne peuvent être éludées.
Notre réaction face au spectre de la mort pourrait bien être la véritable manifestation du jugement de Dieu. Des nations et des puissances occidentales apostates sont jetées dans la confusion de l’esprit et la panique. En ces temps d’incertitude, les chrétiens ont une occasion opportune d’être des témoins courageux et fidèles de la vie, de l’espérance et de la liberté qui ne se trouvent que dans l’Évangile de Jésus-Christ lorsque les gens sont saisis par la peur de l’inconnu. Et nous avons l’obligation d’orienter les gens vers la Parole de Dieu et d’être une voix calme, de raison et de vérité, « car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse » (2 Timothée 1:7.)
Notes
[1] Andrew Mark Miller, « Imperial College scientist who predicted 500K coronavirus deaths in UK adjusts figure to 20K or less », Washington Examiner, dernière modification le 26 mars 2020 : https://www.washingtonexaminer.com/news/imperial-college-scientist-who-predicted-500k-coronavirus-deaths-in-uk-revises-to-20k-or-less.
[2] Voir l’article d’un médecin suisse et d’autres articles intéressants ici : https://swprs.org/a-swiss-doctor-on-covid-19/.
[3] John P. A. Ioannidis, « A fiasco in the making? As the coronavirus pandemic takes hold, we are making decisions without reliable data », Stat News, dernière modification le 17 mars 2020 : https://www.statnews.com/2020/03/17/a-fiasco-in-the-making-as-the-coronavirus-pandemic-takes-hold-we-are-making-decisions-without-reliable-data/.
[4] Ibid.
[5] Je ne crois pas que les lois alimentaires de la Bible soient juridiquement contraignantes au sens moral ou qu’elles aient une quelconque incidence sur les questions du salut de l’homme. Mais en ce qui concerne la santé humaine, elles sont valables. Dieu ne dit rien par hasard. Nous n’observons pas les sabbats de l’ancien Israël, mais nous observons le jour du Seigneur. La santé du cœur et la vie de l’homme sont en jeu si le repos du sabbat est ignoré. De même, les ordonnances alimentaires demeurent, non pas comme des lois morales, mais comme des principes de santé pour le corps humain.
[6] La police britannique utilise des drones et des barrages routiers pour faire respecter le confinement, The Guardian, dernière modification le 26 mars 2020 : https://www.theguardian.com/world/2020/mar/26/uk-police-use-drones-and-roadblocks-to-enforce-lockdown.
[7] Peter Hitchens, « Is shutting down Britain – with unprecedented curbs on ancient liberties – REALLY the best answer? » Daily Mail, dernière modification le 21 mars 2020 : https://www.dailymail.co.uk/debate/article-8138675/PETER-HITCHENS-shutting-Britain-REALLY-right-answer.html.
[8] Larry Elliot, « Gordon Brown calls for global government to tackle coronavirus », The Guardian, dernière modification le 26 mars 2020 : https://www.theguardian.com/politics/2020/mar/26/gordon-brown-calls-for-global-government-to-tackle-coronavirus.
[9]Peter C. Gøtzsche, « Corona : an epidemic of mass panic », Deadly Medicines, dernière modification le 21 mars 2020 : https://www.deadlymedicines.dk/corona-an-epidemic-of-mass-panic/.
Article original en anglais publié le 27 mars 2020.
A propos de l’auteur
Le révérend Joseph Boot (M.A., Ph.D.) est un penseur chrétien, un apologiste culturel/philosophe, fondateur de l’Ezra Institute for Contemporary Christianity et pasteur fondateur de la Westminster Chapel, à Toronto. Fier d’être Canadien, Joseph Boot est originaire de Grande-Bretagne et a travaillé dans les domaines de l’apologétique chrétienne, de l’éducation à la vision du monde et de la direction d’église pendant plus de vingt ans des deux côtés de l’Atlantique. Il a pris la parole et a été invité à donner des conférences dans le monde entier lors de nombreux événements destinés aux étudiants universitaires, à des séminaires, dans des églises, universités et à des symposiums. Il s’adresse régulièrement à des pasteurs et à des dirigeants chrétiens ainsi qu’à des professionnels du monde universitaire, médical, juridique et politique. Il a débattu publiquement avec des penseurs et philosophes athées de premier plan au Canada et aux États-Unis.
Joseph Boot a fait ses études de premier cycle en théologie (Birmingham Christian College, Royaume-Uni), a obtenu une maîtrise en Théologie de la Mission avec un mémoire portant sur la philosophie culturelle chrétienne et l’apologétique (Université de Manchester, Royaume-Uni) et détient un doctorat en Pensée intellectuelle chrétienne (Whitefield Theological Seminary, Floride, États-Unis). Il a contribué à la rédaction du principal ouvrage d’apologétique chrétienne de Thomas Nelson, Beyond Opinion, et ses propres ouvrages d’apologétique comprennent Searching for Truth (Crossway), Why I Still Believe (Baker) et How Then Shall We Answer (New Wine). Sa contribution la plus remarquée à la pensée chrétienne, The Mission of God (Wilberforce Publications/Ezra Press), est un ouvrage systématique de théologie/philosophie culturelle qui explore la vision biblique du monde dans sa relation avec la mission des chrétiens dans le monde. Les derniers volumes qu’il a publiés, Gospel Culture et Gospel Witness, développent ce thème et servent d’introduction à une vision du monde biblique et à une philosophie chrétienne de la culture.
Joseph Boot est membre principal du groupe de réflexion sur la culture et d’apologétique truthXchange en Californie du Sud, membre principal ayant en charge la philosophie culturelle du Center for Cultural Leadership basé en Californie, membre principal de la Wilberforce Academy et de la Public Theology for Christian Concern, Londres, Royaume-Uni, et membre du corps enseignant de la Blackstone Legal Academy de l’Alliance Defending Freedom à Washington D.C. En 2011, le Centre for Mentorship and Theological Reflection de Toronto lui a décerné le titre de « Meilleur prédicateur apologiste » pour sa contribution à la prédication apologétique et expositoire.
Joseph Boot est le rédacteur en chef du journal de l’Ezra Institute, Jubilee, et le chancelier fondateur de la Westminster Classical Christian Academy à Toronto. Le nouveau centre de l’Ezra Institute, le Centre for Reformational Culture, se trouve sur la péninsule du Niagara à Grimsby, en Ontario, où sont développés la recherche, la publication et de nouveaux programmes d’étude et de formation pour les stages.
Joseph Boot est marié à Jenny et ils ont trois enfants : Naomi, Hannah et Isaac.
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