La tyrannie de la pensée consensuelle

La tyrannie de la pensée consensuelle

Par Rudy Guliuzza

« Comment de si nombreux scientifiques peuvent-ils se tromper ? » Cette question est couramment brandie comme une preuve réelle de l’évolution. Je l’ai entendue dans des discussions avec des personnes allant d’élèves de l’école primaire à des professeurs d’université. Étant donné que la plupart des scientifiques adhèrent au récit sélectionniste de Darwin pour expliquer la diversité de la vie, et que de nombreuses personnes associent ce fait à la perception que les scientifiques sont des génies impartiaux, la question a un effet puissamment persuasif.

Pour certaines personnes, le consensus scientifique écrasant en faveur de l’évolution règle le débat, même si elles savent que le nombre de personnes qui adhèrent à une croyance n’est pas une preuve de sa véracité. Peut-être qu’une question employée de manière à ce que les gens se sentent stupides pour avoir remis en question une autorité scientifique clairement « incontestable » est la meilleure « preuve » de l’évolution qui soit.

Les lecteurs d’Acts & Facts savent que l’Institut pour la Recherche sur la Création (ICR, Institute for Creation Research) a travaillé pour sensibiliser les gens au fait que l’opinion répandue selon laquelle l’exécution et les comptes rendus de la science sont impartiaux – par des scientifiques qui mettent noblement de côté leurs affinités religieuses ou politiques – est largement erronée. En outre, nous avons longtemps enseigné qu’un type puissant de « pensée de groupe » peut capturer l’esprit de la plupart des scientifiques sur des questions spécifiques telles que l’évolution [1].

Plus important encore, l’ICR n’a jamais caché que la vie des gens ordinaires semble être la plus exposée au risque d’être dévastée par des politiques publiques promulguées par la voix autoritaire de la communauté scientifique [2]. La vérité est que d’innombrables vies ont été détruites par des programmes publics d’eugénisme ou d’avortement mis en place par des scientifiques qui agissaient plutôt comme un troupeau dangereux et hors de contrôle qui piétinait avec arrogance les voix dissidentes dans leur ruée [3].

Alors que nous vivons la pandémie de COVID-19, l’idéologie manifestement politique de nombreux scientifiques, qui semble parfois favoriser des recommandations incorrectes, incohérentes ou carrément ineptes, est facilement perceptible par de nombreuses personnes. Le fait que des populations entières n’aient pu échapper au contrôle exercé à travers des mesures politiquement motivées de ces scientifiques a également été vécu personnellement par tous. Tant de personnalités publiques qui étaient indifférentes à la marginalisation des créationnistes et sourdes aux préoccupations de l’ICR concernant la pensée de groupe ouvertement biaisée du « consensus scientifique » comprennent maintenant par elles-mêmes que lorsque de nombreux scientifiques disent « suivre la science », ce qu’ils veulent dire c’est se taire et obéir.

Nous pensons qu’il est insensé de ne pas saisir ce moment pour apprendre aux gens que le dogmatisme scientifique dont ils font l’expérience aujourd’hui est le comportement habituel de la communauté scientifique depuis longtemps. Beaucoup de gens semblent contrariés après avoir observé que, même au sein de la communauté scientifique, on supprime ouvertement les discours dissidents et on impose à la pensée de se conformer à certains credo. Ce que le public doit savoir, c’est que la communauté scientifique a affiné ses compétences en matière d’oppression de la liberté d’expression, d’abord contre les créationnistes, puis contre d’autres opinions non conformes.

Une « nouvelle normalité » rafraîchissante, post-COVID-19, consisterait à éduquer tout le monde sur le fait que même les scientifiques ont des programmes ouvertement religieux ou politiques qui peuvent engendrer une pratique tyrannique connue sous le nom de « science consensuelle » . Peut-être que davantage de personnes envisageraient de croire qu’un ensemble de preuves soutenant une conception intelligente des créatures et contraire à l’évolution a été supprimé.

Qu’y a-t-il de si mauvais dans la « science consensuelle » ?

L’opinion collective de scientifiques (ou de quelques scientifiques éminents) travaillant dans un domaine spécialisé s’appelle un consensus – lorsqu’il y a un accord général sur un sujet. Pourtant, dans la pratique, un consensus peut aller de domaines bien étayés par des expériences jusqu’à des sujets pour lesquels rien n’a été établi. Ce que beaucoup ne réalisent peut-être pas, c’est que les appels au consensus scientifique subjectif sont rarement exploités comme une preuve réelle de la vérité dans des domaines où les preuves expérimentales objectives sont solides.

Les preuves expérimentales soutenant de nouvelles idées peuvent être très persuasives pour amener une population à les accepter. La « validité scientifique » peut être convaincante. En outre, l’idée que la science elle-même est une entreprise neutre, pratiquée dans l’indifférence totale des résultats, renforce également le sentiment des gens que toute découverte est un résultat valable. Les politiciens ou les scientifiques qui invoquent le « consensus scientifique » tentent de s’approprier l’influence hautement souhaitable que confère la validité scientifique. Mais en vérité, cette influence n’est pas méritée, car cette tactique est privilégiée sur des sujets où la science est faible, voire inexistante, ou sur des questions sociales qui divisent et qui tiennent à cœur aux scientifiques motivés par la politique ou la religion. Ainsi, cette pratique consistant à substituer des opinions aux données concrètes est appelée par dérision « science par consensus » ou « science consensuelle » .

La science consensuelle est un type de sophisme logique connu sous le nom d’ « appel à l’autorité ». La méthode scientifique a été développée en partie comme un moyen de contrecarrer ce sophisme. L’objectivité est une caractéristique attrayante de la méthode scientifique. Les tests peuvent être reproduits. Ainsi, chacun peut voir les résultats par lui-même. Cela signifie qu’un humain n’est pas nécessaire comme source de connaissance faisant autorité. Cela conduit à une autre caractéristique souhaitable de la méthode scientifique : elle apporte avec elle une mesure d’égalité. Une laitière avec de bonnes preuves reproductibles pourrait, en principe, faire tout autant autorité qu’un religieux.

La science consensuelle est un abus d’autorité qui nous ramène à l’époque sombre où les « experts » s’opposaient aux roturiers qui n’osaient pas se risquer à les remettre en question. Par conséquent, la question « Comment tant de scientifiques peuvent-ils se tromper ? » est un appel à l’autorité et est à la fois illogique et une approche non scientifique pour déterminer la vérité.

Au cours de l’épidémie de COVID-19, la population a pu observer de première main que de nombreux scientifiques éludaient des questions spécifiques ou faisaient des volte-faces qui semblaient coïncider avec un positionnement politique. L’épidémie a fourni une occasion rare et très médiatisée de voir que même les scientifiques peuvent être influencés par les opinions ou chercher à influencer le contrôle gouvernemental des comportements en fonction de leurs préférences. Le pouvoir qui découle de la science consensuelle peut facilement faire l’objet d’abus. Souvent, la suppression des minorités scientifiques ou les représailles contre un type de « négationnistes » ou un autre sont encouragées.

La science consensuelle a nui à la réponse à la COVID-19.

Le personnel médical aimerait connaître les mécanismes qui font que la COVID-19 est si infectieuse chez l’homme. Un indice important est de savoir comment elle s’est développée – essentiellement, d’où elle vient. Étant donné que les infections ont commencé à Wuhan, en Chine, et qu’il existe dans cette même ville un laboratoire de haut niveau où les scientifiques conçoivent des virus, il est très plausible que le virus provienne de ce laboratoire.

Malheureusement, la possibilité que la COVID-19 provienne du laboratoire de virologie de Wuhan a été écartée de la même manière que le consensus scientifique écarte certaines questions de recherche si elles n’invoquent pas l’évolution pour expliquer pourquoi les créatures ont l’air conçues de manière si sophistiquées. Pour ceux d’entre nous qui ont suivi de près l’épidémie, ce qui est remarquable, c’est que l’autorité du consensus scientifique a été mise à contribution en février 2020, quelques mois seulement après l’épidémie de Wuhan.

Une lettre ouverte rédigée par plusieurs chercheurs a été publiée dans une revue médicale britannique de premier plan, The Lancet. Les épithètes lancées contre quiconque pensait que le laboratoire de virologie pouvait être la source de la COVID-19, ainsi que le verbiage politique explicite, ne laissaient guère de doute sur le fait qu’il s’agissait d’un autre exemple clair de science consensuelle. La lettre affirmait notamment :

Le partage rapide, ouvert et transparent des données sur cette épidémie est maintenant menacé par des rumeurs et des informations erronées sur ses origines. Nous nous unissons pour condamner fermement les théories du complot suggérant que la COVID-19 n’a pas une origine naturelle. Des scientifiques de plusieurs pays ont publié et analysé les génomes de l’agent causal, le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2), et ils concluent massivement que ce coronavirus provient de la faune sauvage [4].

Un article de premier plan a également été publié en mars 2020 dans la principale revue scientifique mondiale, Nature, qui conclut également que la COVID-19 est issue de processus évolutifs naturels et rejette une origine associée à l’homme. Les publications de Nature et de The Lancet ont toutes deux été largement citées par d’autres scientifiques et journalistes. Nous en avons discuté entre nous à l’ICR. La rapidité de ces travaux de recherche a soulevé des questions quant à leur méthodologie, leur qualité et la résistance des résultats à l’épreuve du temps. Nous avons émis l’hypothèse que peut-être en raison de la gravité de la menace médicale, le travail a été achevé aussi rapidement parce qu’une armée entière de ressources a été mobilisée pour répondre à la question des origines, mais personne n’en était sûr.

Des preuves cohérentes avec une origine en laboratoire du virus COVID-19 apparaissent maintenant. Même la National Public Radio (NPR) a récemment rapporté que « l’idée que le coronavirus ait pu s’échapper d’un laboratoire de Wuhan, en Chine – au lieu de se transmettre des animaux vers les humains – a été rejetée comme une théorie du complot par de nombreux scientifiques il y a un an. Cela a changé aujourd’hui [5] » . Ce qui semble échapper à la NPR, c’est que le fait de qualifier les opinions minoritaires d’emblée de « théories du complot » (ou de « désinformation », de « spéculations discréditées », etc.) est un comportement scientifique inapproprié qui a un effet dissuasif sur l’exploration d’explications alternatives. Même si l’origine du virus en laboratoire n’est pas confirmée, nous devons nous demander si la répression de la recherche elle-même a eu un impact négatif sur la politique de santé publique. L’une des caractéristiques de l’application de la science consensuelle est l’étiquetage erroné des opinions minoritaires avec des épithètes à l’encontre des créationnistes ou d’un chercheur travaillant sur la COVID-19. Cette pratique induit gravement en erreur tant les scientifiques que le public.

La « science consensuelle » exploite les faiblesses de la science institutionnelle.

Les limites auxquelles sont confrontés les scientifiques de l’ICR pour évaluer pleinement les rapports de The Lancet et de Nature sont inhérentes à la pratique de la science consensuelle.

D’autres chercheurs observent depuis des décennies que la pratique de la science étant de plus en plus spécialisée en raison de l’explosion des connaissances scientifiques, les scientifiques doivent faire preuve d’une grande confiance entre eux [6]. Ainsi, l’expertise limitée des scientifiques les empêche de soulever des questions valables en dehors de leurs spécialités. Les ressources limitées pour reproduire les expériences et la confiance naïve sont deux problèmes de longue date dans le fonctionnement quotidien de la science. Ce sont tous des problèmes qui peuvent être facilement exploités par ceux qui font appel à la science consensuelle.

John Christy, professeur à l’université d’Alabama, a déclaré que, même au début des débats sur le changement climatique,

« la tendance à succomber à la pensée de groupe et à l’instinct grégaire (aujourd’hui officiellement appelée « cascade informationnelle ») est peut-être aussi tentante chez les scientifiques que dans n’importe quel autre groupe…. Cela conduit, à mon avis, à une surestimation de la confiance dans les résultats publiés et à une acceptation facile des points de vue des autorités ointes [7] » .

Résister à la tyrannie en promouvant la liberté de pensée

La science consensuelle agit comme un tyran humain, ce qui signifie qu’elle est implacable. Lorsque le président Barak Obama a déclaré qu’il allait « redonner à la science la place qui lui revient » dans son premier discours d’investiture, j’ai écrit sur les abus de la science consensuelle [8]. Utilisant le prestige de la science comme couverture pour justifier la recherche sur les cellules souches embryonnaires, son décret laisserait les scientifiques « faire leur travail, sans manipulation ni coercition, et en écoutant ce qu’ils nous disent, même lorsque cela ne convient pas [9] » . Dans ce contexte, « écouter ce qu’ils nous disent » signifie obéir à ce que les scientifiques dictent. Ce que ceux qui manipulent la science consensuelle ont toujours désiré, c’est la domination incontestable d’une élite scientifique amorale sur le public et sur toute opinion scientifique dissidente.

Pendant des décennies, les créationnistes ont été témoins de l’abus de la science utilisée dans le but de supprimer la liberté d’expression, marginaliser les minorités scientifiques, détruire des réputations et des carrières, et écraser toute pensée qui s’écarte de celles autorisées par le consensus scientifique. De nos jours, l’application de ces tactiques a été dédaigneusement qualifiée de « culture de l’annulation » . Le comportement des scientifiques pendant la pandémie de COVID-19 révèle au public d’aujourd’hui ce qu’une génération précédente a douloureusement appris après le désastre de l’eugénisme. Les gens peuvent clairement voir que même les scientifiques – non, surtout les scientifiques – abuseront du prestige de leur profession pour imposer une conformité totale des comportements et, plus important encore, de la pensée.

Alors, comment devrions-nous répondre à cette oppression autoritaire ? Tout d’abord, rappelez-vous que même si le « consensus scientifique » est brandi comme s’il avait le poids des preuves issues de l’expérience, il n’en est rien. Ensuite, envisagez de soutenir des groupes qui maintiennent un contrôle et une analyse indépendants. L’ICR ne reçoit aucun financement gouvernemental, éducatif ou industriel, mais nous dénonçons continuellement les pratiques abusives comme la science consensuelle et les faiblesses scientifiques du sélectionnisme darwinien.

Enfin, résistez à la tentation de répondre sur le vif. Certains ont déjà dit dans des écrits imprimés que les créationnistes devraient riposter immédiatement pour faire « annuler » les évolutionnistes et autres. L’ICR s’oppose à l’ « annulation » de quiconque et défend la liberté de parole – l’expression ouverte et non censurée de la pensée. Le Seigneur Jésus a réprimandé Ses disciples parce qu’ils ont  voulu annuler les personnes ayant des opinions différentes (Luc 9:51-56) et nous a enseigné de ne pas déraciner l’ivraie, mais de la laisser pousser avec le bon grain (Matthieu 13:24-30).

En tant que créationnistes, nous pouvons vaincre la tyrannie de la science consensuelle en défendant avec force la chose à laquelle elle s’oppose le plus : la liberté de détenir et d’exprimer des pensées non conformes. Les créationnistes veulent la liberté de marquer, d’exposer et de combattre non seulement les mensonges de l’évolution, mais aussi le sélectionnisme darwinien qui cherche à personnifier la nature en tant que créateur de substitution et à priver le Seigneur Jésus de Son crédit légitime en tant que Dieu créateur (Colossiens 1:15-19).

Références

  1. Bliss, R. 1983. Evolutionary Indoctrination and Decision-Making in Schools. Acts & Facts. 12 (6).
  2. Guliuzza, R. J. 2009. Darwinian Medicine: A Prescription for FailureActs & Facts. 38 (2): 32.
  3. Guliuzza, R. J. 2020. Survival of the Fittest and Evolution’s Death CultureActs & Facts. 49 (1): 17-20.
  4. Statement in support of the scientists, public health professionals, and medical professionals of China combatting COVID-19The Lancet. Publié sur thelancet.com le 18 février 2020, consulté le 10 juin 2021.
  5. Why The U.S. Thinks A Lab In Wuhan Needs A Closer Look As A Possible Pandemic Source. NPR. Publié sur npr.org le 27 mai 2021, consulté le 11 juin 2021.
  6. Allman, W. Cooking the Paleontological Books? U.S. News & World Report, 8 mai 1989, 61.
  7. Christy, J. No consensus on IPCC’s level of ignorance. BBC News. Publié sur news.bbc.co.uk le 13 novembre 2007, consulté le 11 juin 2021.
  8. Guliuzza, R. J. 2009. Consensus Science: The Rise of a Scientific EliteActs & Facts. 38 (5): 4.
  9. Remarks of the President—As Prepared for Delivery-Signing of Stem Cell Executive Order and Scientific Integrity Presidential Memorandum. La Maison Blanche, Bureau du Secrétaire de la Presse. Publié sur obamawhitehouse.archives.gov le 9 mars 2009.

Source : https://www.icr.org/article/the-tyranny-of-consensus-thinking


A propos de l’auteur

Le Dr Rudy Guliuzza est président de l’Institut pour la Recherche sur la Création (Institute for Creation Research). Il a obtenu son doctorat en médecine de l’Université de Minnesota, sa maîtrise en santé publique de l’Université Harvard, et a servi dans l’armée de l’air américaine en tant que médecin de vol de la 28e escadre de bombardement et chef de la médecine aérospatiale. Le Dr Guliuzza est également un ingénieur professionnel agréé et est titulaire d’une licence en théologie de l’Institut Biblique Moody.


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